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Citations sur Je vous écris de Téhéran (30)

Page 30

- Bienvenu au royaume de la schizophrénie ! reprit-elle, en désespérant de me faire sourire. Tu sais… c’est comme ça qu’on a grandi… C’est notre mode de vie. Ici, dès le jardin d’enfants, tu n’apprends qu’une chose : mentir… C’est ta clef de survie… A l’école, quand l’institutrice nous posait des questions, on s’empressait de répondre : « Oui, ma mère porte le tchador ! Non, mon père ne joue pas aux cartes et déteste le vin ! ». Parfois, j’ai l’impression d’être un caméléon. Je change de peau au gré des circonstances. La journée, je supporte le voile. Le soir, je m’éclate pour oublier…

- Mais… ce n’est pas risqué ? lui demandai-je, dubitative.

- Risqué ? Bien sûr que c’est risqué. Mais a-t-on le choix ?

D’une traite, elle vida son verre de champagne et s’élança sur la piste de danse…
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Page 10
L’avion décolle. Enfin ! Vu du ciel, le mausolée de l’imam Khomeyni ne forme plus qu’un point dans la nuit avant d’être englouti par les nuages. A quoi pense-t-on quand on est libre ? A ces lignes grises qu’on pourra de nouveau remplir à sa guise. On se dit que le cauchemar est terminé. Qu’on va pouvoir réapprendre à respirer. En réalité, le plus pénible ne fait que commencer. Le plus pénible, c’est d’abandonner l’Iran à sa page blanche.
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Du matin au soir, leur vie était un savant arbitrage entre le licite et l'illicite. Du haut de leurs 20 ans, ils bravaient les interdits comme on brave les vagues. Avec panache.
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Après tout, "la vie, c'est peut-être ça, un rêve terrifiant", écrivait Joseph Conrad.
(page 256)
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Page 147
… - Tu sais, je ferai tout pour mon pays…

J’avais déjà entendu cette phrase quelque part… Ses paroles se confondaient étrangement avec celles de Mahmoud, le bassidji. En apparence, ces deux-là n’avaient pourtant rien en commun. Elle, l’occidentalisée polyglotte, toujours tirée à quatre épingles. Lui, l’Islamiste aux pantalons informes, en jurant qu’en persan et rêvant de devenir martyr. Ils se seraient certainement détestés s’ils s’étaient rencontrés. Et pourtant, un lien profond et invisible les unissait envers et contre tout : l’amour inconditionnel pour leur pays, ce nationalisme quasi charnel qui constitue le socle le plus solide de l’identité iranienne, celui que toi, Babai, tu m’avais transmis et qui, au fil des années, allait finir par m’habiter.
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En fait, dans l’Iran d’Ahmadinejah, les étoiles ne visaient pas les juifs. Elles visaient les étudiants. Sur les campus, des sanctions moyenâgeuses se mirent rapidement à lapider la moindre pensée critique. Un étudiant chahuteur, une étoile. Un slogan désobligeant, deux étoiles. Un signe de dissidence, trois étoiles. Au bout de la quatrième étoile, imprimée noir sur blanc dans leur dossier, que mettait régulièrement à jour le comité disciplinaire, c’était l’expulsion garantie, pour cause d’ »atteinte à la sécurité nationale ». Les professeurs n’étaient pas épargnés par cette chasse à la pensée critique. Il suffisait d’être un peu trop bavard pour être remercié sur le champ, en échange d’une retraite anticipée. Les mois suivants, le tableau s’assombrit encore. Des jeunes furent arrêtés, leurs journaux censurés, et leurs amis menacés au même sort s’ils osaient se révolter contre les nouvelles règles en vigueur. Au nom de l’islamisation des programmes, certains cours furent également remaniés, d’autres éliminés. Dans cet Iran castrateur, le contrôle de la pensée alla de pair avec une reconquête de la sphère publique. Une nuit d’été, le nouveau directeur de l’université Amirkabir fit détruire au bulldozer le siège de l’Association des étudiants pour le remplacer par une salle de prière. Avec la disparition de ce symbole du bouillonnement intellectuel des campus, c’était tout un pas de la mémoire estudiantine qui s’effaçait.
(page 219)
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"Un poème n'est jamais fini, seulement abandonné", disait Paul Valéry
(page 232)
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L’Iran, c’est comme un verre brisé dont on a recollé les morceaux. Pour l’instant, ça tient. Mais il peut se fissurer à tout moment.
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La vie humaine, c'est comme les racines d'un arbre. Le reste, ce sont les branches. Si vous les arrosez bien, il n'en sortira que du bon.
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Un journaliste, ça ne s'achète pas. Ça se subit.
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