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Critique de Luniver


L'équilibre du monde nous emmène au coeur de l'Inde des années cinquante, secouée par de violents conflits internes : système de castes toujours présent dans de nombreuses régions, mouvements séparatistes, affrontements entre hindous et musulmans, mise en place de l'état d'urgence.

Au milieu de ce tourbillon, quatre personnages vont bon gré mal gré devoir vivre ensemble pour garder quelques lambeaux de dignité : Dina Dalal, destinée à des études de médecine jusqu'à la mort de son père, et la prise en charge de la famille par son frère, qui la destine à un rôle d'esclave domestique, ou à devenir rapidement l'épouse d'un de ses amis. Elle parvient tout de même à conserver son indépendance, au prix d'un travail acharné ; Maneck, qui vient des montagnes, et a été envoyé à l'université par ses parents, inquiets par la soudaine modernisation de tout le pays, et qui ont bien du mal à s'adapter aux nouvelles règles du jeu ; Et enfin Ishvar et Omprakash, les deux personnages les plus poignants du récit. le père d'Ishvar fait partie de la classe des Intouchables, destiné à travailler le cuir, et a l'interdiction formelle de toucher à quoi que ce soit des plus hautes classes, sous peine de le souiller définitivement. Après une énième injustice, il décide de faire l'inconcevable : ses fils ne travailleront pas le cuir, mais seront tailleurs. Cette transgression aux lois ancestrales lui coûtera toutefois très cher.

Avec l'instauration de l'état de l'état d'urgence, les choses se compliquent encore pour le quatuor. La police a désormais le pouvoir d'arrêter n'importe qui sans procès, et se vend dès lors au plus offrant. Les rafles dans la rue se font de plus en plus nombreuses : pour former des assemblées importantes lors des discours du Premier ministre, pour s'approvisionner en main-d'oeuvre bon marché ou pour des campagnes de stérilisation forcée.

Le récit est dur : si les quatre héros parviennent de temps à autre à être heureux, on sent bien que ce bonheur est précaire, et qu'ils peuvent se retrouver à la rue sans ressource en un rien de temps. Pire encore, il n'y a pas vraiment d'échappatoire : à l'encontre de tout ce qu'on ressent d'habitude quand les héros de roman sont oppressés, on a envie ici qu'ils plient encore plus l'échine, plus vite, sans discuter, pour s'éviter des ennuis futurs.
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