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Critique de roquentin


Cela se passe en 1967 - 68, nous ne sommes pas dans le Summer of Love californien, mais dans le Swinging London. Même si au cours de ce livre, les deux finiront par se confondre.
Le jeune Dean Moss parcourt les rues de Londres, particulièrement le quartier autour de Denmark Street, quartier des musiciens, souvent encore à la recherche de leur identité créative...pour ne pas dire paumés. Moss l'est lui, paumé.
Il est viré d'un travail qui déjà à la base, était précaire et peu enrichissant. Sa propriétaire le vire de son modeste appartement et le peu d'argent qui lui restait en poche lui est volé en pleine rue. Il hésite à mettre sa basse au Mont de Piété, ce qui le priverait de sa passion et de ses espérances: la musique et les seules perspectives qu'elle pourrait lui apporter...
Le destin s'en mêle. Lors d'une soirée, il rencontre une chanteuse à la voix d'ange, Elf, dont le groupe vient d'éclater en plein vol. Arrivent ensuite un guitariste très doué, le hollandais Jasper, puis Griff le ténébreux batteur. Tout ce petit monde est réuni par le manager Levon Farkland au sein d'un groupe, hétéroclite et sans grande envie à la base, mais qui connaîtra rapidement un succès fulgurant. Il sera baptisé Utopia Avenue et tutoiera les plus grands. Ne cherchez pas sur Google, le groupe est fictif.
Enregistrement d'un premier single qui atteindra les charts britanniques, puis dans la foulée d'un album qui va les consacrer et leur faire gagner le respect de quelque collègues musiciens déjà connus et vénérables. On croise ainsi Francis Bacon, Syd Barrett, Brian Jones, Frank Zappa, Jimi H, .. d'autres dont le nom m'échappe ici.
Leur trajectoire ne sera jamais linéaire, elle sera semée des pièges habituels pour les rock stars. Quelques drames personnels ou familiaux, quelques déboires avec les autorités, beaucoup d'amours et de tentations, quelques soucis d'escroquerie ou de chantage qu'amènent inévitablement cette gloire soudaine... Moss reste le personnage principal du roman et son histoire est émouvante, tant elle est habitée par un passé familiale tristement lié à un père indifférent et très porté sur la bouteille et la violence.
David Mitchell nous fait découvrir avec talent l'alchimie qui anime les musiciens lors de la création de chansons, leurs doutes et leurs fulgurances...
Angleterre, Europe, Californie, ils finiront par éblouir le monde occidental, en pleine mutation culturelle à cette époque, comme le savent les plus de soixante ans ...
L'histoire est racontée au fil des parutions de leurs chansons, chaque chapitre portant le titre d'un single et ses faces B. de très brefs flash backs sont aussi utilisés, mais à très bon escient. L'écriture est bien rythmée, tantôt très vive, tantôt plus intimiste voire introspective. Nous passons de la lumière à l'ombre et vice vers, avec bonheur. Ces alternances font que jamais on ne s'ennuie durant cette lecture. Les sept cents cinquante pages sont vite avalées, certainement si comme moi, vous êtes un amoureux de musique pop/rock/ folk d'expression anglaise. le passage que j'ai préféré est celui où, à Frisco, nos amis prennent du LSD en compagnie de Jerry Garcia, figure emblématique du Grateful Dead et icone de la contre-culture US...
Comme tout bon page turner qu'il est, le livre nous offre une fin surprenante et dramatique, sans pathos toutefois, parfaitement en phase avec l'histoire et avec la vie des groupes de rock.
J'ai beaucoup aimé ce livre. C'est finalement assez rare qu'un auteur nous plonge dans cet univers au moyen d'une fiction. Il paraît que les autres livres de David Mitchell sont très bons aussi. Pour ceux qui aiment aller un peu plus loin: il existe une playlist “Utopia Avenue” sur Spotify, composée par tous les morceaux qui traversent ce très bon roman.
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