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Critique de CorinneCo


Dans une atmosphère presque létale, Jimmy Sarano écrit d'interminables épisodes de la vie de Louis XVII pour une radio locale. Où sommes-nous ? « Sous le soleil exactement » écrivait Gainsbourg ; ville du Sud, exil permanent, prison tropicale pour les bannis de leur vie. Comme souvent Patrick Modiano parle de l'absence, de la solitude, du souvenir comme des miettes d'existence semées sur le chemin de la mémoire. Cette écriture écrasée par la chaleur, par la lenteur de vivre sous un soleil de plomb semble parfois engourdie. Paralysée par le souvenir d'une enfance solitaire et atypique. le monde de l'enfance chez Modiano se noie dans des visages furtifs, nombreux mais insaisissables. Les nuits d'enfance de Modiano sont faites d'errances désincarnées dans un Paris de théâtres vides, de cafés déserts ; un Paris où survit une population d'après-guerre qui ne croit plus à grand-chose. Je devrais dire les nuits d'enfance de Jimmy Sarano chroniqueur à Radio-Mundial, écrivain connu à Paris qui décida, un jour, de changer de nom et de vie pour s'échouer dans cette ville côtière et se fondre dans une vie comment dire…. Indolore ? La rencontre fortuite avec une jeune fille fait remonter le souvenir d'une petite fille qu'il connaissait à Paris, lui le presque adolescent. Serait-ce elle ? Les mirages sont propices sous les climats tropicaux. Il y a toujours, chez Modiano, des instants poignants dans l'apparente simplicité de son écriture et de sa narration. Une corbeille de fruits confits oubliée, des annonces radiophoniques lançant des appels à témoins pour des fantômes, une statue publique transformée en balise. Et puis le mystère. Quelque chose s'épuise dans la tête de Sarano mais ne veut pas lâcher prise : l'écriture. Ce court roman, comme les autres, se termine trop tôt. Il donne envie de lire encore et encore la vie de Jimmy Sarano et que celle-ci arrive à son terme, toutes réponses connues. Les pas de Jimmy Sarano marquent le sable mais ne s'arrêtent jamais ; ils laissent des traces, bousculées par les vagues et le vent ; elles s'effacent mais réapparaissent toujours plus loin, indéfiniment. Exilé volontaire de sa propre mémoire. Pénitent sans absolution.
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