De
Dieter Moitzi : «
Putain ordinaire »
Même si le titre de ce roman paraît un tantinet provocateur, le contenu ne l'est pas. Et l'écriture n'est aucunement « ordinaire » ni du tout vulgaire, bien au contraire. Un style littéraire, raffiné, avec de savoureuses pointes d'humour, de poésie aussi, le tout décrivant parfaitement les situations et les remous à l'intérieur des êtres, de ce narrateur, Marc, d'humeur souvent mélancolique, parfois noire comme les vêtements qu'il porte. Marc s'ennuie et, comme le dit si bien
Dieter Moitzi : « le temps est un cadeau empoisonné lorsque l'on ne sait pas quoi en faire ». Oui mais, Marc va trouver bien malgré lui à le remplir, ce temps perdu.
Dans les titres des dix parties qui composent le roman, tout est « ordinaire », des funérailles du papa qui ouvre le livre aux unes des journaux qui le referment. Mais en fait rien n'est ordinaire…
En suivant pas à pas notre narrateur, nous ne nous engageons pas avec lui dans une vie ordinaire. A l'inverse, cette vie est faite de rencontres improbables, de certains personnages qui sont de véritables caricatures vivantes, de péripéties étonnantes, nous allons de surprises en surprises et en retournements de situation. Peut-on se fier à sa famille, à ses connaissances, à ses rencontres ? Pas sûr ! Et cet homme si beau, si particulier, qui attire tant notre narrateur… qui est-il donc ?
Les chapitres font un décompte « à rebours ». Pourquoi pas ! Cela non plus n'a rien d'ordinaire.
Vous l'aurez compris, j'ai aimé ce texte, très différent en tous points des livres légers et gracieux que j'avais lus de l'auteur, avec une petite préférence pour l'excellent chapitre 65. Sera-t-il également votre préféré ?