AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JacobBenayoune


De toutes les pièces de Molière, celle-ci est ma préférée. Peut-être parce qu'elle a un aspect moderne !

Molière a derechef brisé toutes les règles classiques de la grande comédie. L'unité du temps et du lieu, l'unité de l'action aussi. C'était, je crois sa première grande comédie en prose. Il l'a réussie ; une prose classique au sens pur du terme. Une prose truffée d'alexandrins. Cette pièce a réuni le plan comique et le plan tragique, le théâtral et le romanesque. le thème du séducteur puni, thème en vogue qui a inspiré tant de farces, a donné naissance à une merveille du genre.

On est stupéfait lorsqu'on sait que Molière en écrivant Dom Juan a voulu combler le vide qu'il y avait après l'interdiction de son Tartuffe. Est-ce que cela veut dire que si cette dernière ne fut pas retiré de la scène, on n'aurait pas eu cette merveille ? si oui alors merci messieurs les dévots ! ces mêmes dévots qu'il a critiqués et ridiculisés.

Dans cette pièce, j'ai retrouvé ce couple maître-valet (ou amis), situation que j'aime en littérature (Jacques et son maître, Pantagruel et Panurge, Lituma et Silva, Figaro et le comte …). le contraste entre Dom Juan et son valet est plaisant, le séducteur espiègle et le valet étourdi. Leurs échanges sont un vrai délice entre le cynique et impie Dom Juan et le moralisateur superstitieux qui est Sganarelle. le maître aussi sûr de lui qu'un père Ubu, fier et calculateur comme un Valmont et le valet (aussi important dans cette pièce) soumis et confident malgré lui. La multitude des épisodes rapproche cette pièce au genre romanesque, des épisodes aussi captivants les uns que les autres. Avec cette scène merveilleuse avec le mendiant et celle fantastique avec la statue, etc.

Molière a voulu en même temps retrouver la scène avec une pièce plus exemplaire au niveau moral (le séducteur athée puni par la Providence), mais en même temps critiquer les hypocrites. Mais peut-être comme Stendhal, il fallait dédier cette pièce to the Happy Few, car ses contemporains l'ont trouvée blasphématoire.
Commenter  J’apprécie          510



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}