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Critique de 5Arabella


Petite pièce en trois acte, écrite spécialement pour une grande fête à Versailles, censée célébrer la paix d'Aix-la-Chapelle conclue avec l'Espagne, Georges Dandin est crée le 18 juillet 1668. Dans des conditions qui peuvent paraître surprenantes : les trois actes de la pièce sont intercalés dans une pastorale en musique, contant les amours de bergers et bergères, et se terminant par le triomphe de l'amour. C'était le souhait du roi, il avait demandé cette oeuvre en musique, qui devait être composée par Lully, et Molière « glisse » en quelque sorte à l'intérieur, une pièce comique de son invention. Un fort contraste entre les deux composantes du spectacle : aux amours idéalisées de la pastorale s'oppose l'histoire somme toute triviale d'un paysan ayant épousé une fille noble, au-dessus de sa condition, et qui s'en trouve puni par l'infidélité de sa femme.

Molière a peu de temps pour composer son oeuvre, il est par ailleurs en pleine composition de l'Avare, d'une toute autre ambition, Georges Dandin va donc reprendre des éléments connus et déjà utilisé ailleurs, et par d'autres (en particulier Boccace) . Georges Dandin, un paysan enrichi, a épousé Angélique de Sotenville, la fille d'un hobereau ruiné. Dès la première scène il se plaint de ce mariage « une leçon bien parlante à tous les paysans qui veulent s'élever au-dessus de leur condition ». Il se sent méprisé par sa femme et ses beaux parents, qui n'en voulaient qu'à son argent et qui lui font payer très cher l'honneur de cette alliance. Mais le pire est à venir : Georges Dandin voit sortir de chez lui Lubin, qui pas très malin, avoue au mari dont il ignore l'identité, d'être allé voir sa femme de la part d'un galant, Clitandre, et d'avoir été bien reçu. Notre pauvre paysan va se plaindre aux beaux parents, qui refusent de le croire. Clitandre et Angélique démentant vigoureusement, Clitandre se montrant menaçant, le mari n'a plus qu'à s'excuser. Dans le deuxième acte, Angélique donne sa vision des choses à son mari : mariée sans l'avoir souhaité avec lui, elle ne compte pas renoncer aux plaisir de la jeunesse à cause d'un mariage imposé. Elle tourne encore une fois Georges en ridicule devant ses parents. Au troisième acte, ce dernier pense tenir enfin sa vengeance : après un rendez-vous galant avec Clitandre, Angélique trouve porte close au logis la nuit. Ses parents sont convoqués pour constater son déshonneur. Mais elle menace de se tuer et de faire accuser son mari de sa mort : lorsque son mari ouvre la porte elle se glisse à l'intérieur et le laisse dehors. C'est encore lui qui se trouve humilié lors de la venue de la belle famille. Il annonce qu'il ne lui reste plus qu'aller se noyer.

La pièce peut nous paraître cruelle, et le sort du mari, écrasé par la morgue et le mépris de sa famille par alliance, très noir. Mais ce n'était pas ce que pensaient les spectateurs de l'époque de Molière. Robinet, dans sa gazette juge le sujet « archi-comique ». Un paysan qui aspire à dépasser sa condition mérite d'être puni, le sujet est aussi à replacer dans le débat engagé dans l'Ecole des Femmes sur la manière de traiter les filles et épouses : Georges Dandin en plus d'être un paysan, est un mari rétrograde, qui entend restreindre la liberté de son épouse et la veut soumise et obéissante. Il mérite donc d'être sanctionné à double titre. Par ailleurs, l'insertion de la pièce dans une pastorale, relativise les événements. Ainsi, à la fin de la pièce, après sa menace de se suicider, Georges Dandin se laisse entraîner dans la danse des bergers et bergères, ce qui relativise l'aspect tragique de sa situation.

La pièce sera reprise ensuite par la troupe de Molière dans son théâtre du Palais Royal, sans la pastorale, et n'aura qu'un succès modeste, attirant peu de public.
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