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Critique de Marti94


Joli format que ce livre jeunesse aux éditions Viviane Hamy, avec une couverture à rabats comme j'adore.

Les dessins de Stéphane Heuet sont assez naïfs et vont plutôt bien avec l‘histoire du fantôme du petit Marcel tout droit sorti du 19ème siècle. Ce dessinateur breton, ancien marin, a déjà adapté l'oeuvre de Proust en publiant 5 volumes de « A la recherche du temps perdu » en bande dessinée, alors c'est un connaisseur.
Ce que je trouve peu agréable c'est la page blanche au dos de chaque page illustrée (et oui la page blanche fait peur !), comme si le livre n'était pas terminé. Bon, si on le prend bien, on peut toujours écrire ou dessiner sur cette page mais moi je ne sais pas le faire.

Elyane Dezon-Jones, professeur de littérature, est également une spécialiste de Proust et elle nous propose de rentrer dans l'univers de l'écrivain en inventant une histoire « pour les petits et les grands » : le « fantôme du petit Marcel » qui est à la recherche d'un titre pour le livre qu'il est en train d'écrire. C'est bien sûr un gros clin d'oeil à l'oeuvre majeur de Proust « A la recherche du temps perdu » ; titre qu'il va d'ailleurs trouver à la fin du livre.

Marcel Proust, enfant, vient donc hanter les nuits de deux petites filles, en référence aux jeunes filles en fleurs qu'elles deviendront plus tard, et qui est le titre d'une des parties de « A la recherche du temps perdu ». Alix et Clarisse vont l'accueillir comme un camarade de jeux, de jeux nocturnes puisque c'est un fantôme ; elles vont être aux aguets des « shhh » du petit Marcel asthmatique. Les chapitres sonnent au rythme des saisons et on retrouve beaucoup d'éléments de la littérature proustienne, spécialiste oblige !

Ce sont les lieux évoqués dans l'oeuvre qui servent de décors à l'histoire : la maison d'Illiers-Combray, village d'enfance où le petit Marcel passait ses vacances chez sa tante, Paris, Venise, le port de Carquethuit et surtout le grand hôtel de Cabourg où il a séjourné enfant avec sa mère et sa grand-mère. Une fois adulte, Proust prit l'habitude d'y revenir une fois par an entre 1907 et 1914. C'est à cette époque qu'il écrivit « A la recherche du temps perdu ». le Grand Hôtel Cabourg est alors pour lui une grande source d'inspiration et il y fait référence dans son oeuvre sous le nom du Grand Hôtel de Balbec.

Au fil des apparitions du fantôme du petit Marcel nous retrouvons des références indissociables du génie littéraire dont l'oeuvre traite de la mémoire et du temps : la plume et les carnets moleskine sur lesquels il écrivait, l'importance de la métaphore dans son style, les souvenirs heureux de l'enfance avec le gout de la Madeleine trempée dans une tasse de thé, les proches : Gilberte, Robert, Albertine, Swann et surtout l'amour qu'il porte à se mère. En effet, dans « A la recherche du temps perdu », le narrateur se souvient à quel point l'heure du coucher était une torture pour lui ; cela signifiait qu'il allait passer une nuit entière loin de sa mère, ce qui l'angoissait au plus haut point. C'est à travers le petit Valentin, cousin d'Alix et Clarisse que les propos son rappelé ici.

Elyane Dezon-Jones et Stéphane Heuet rendent donc un bel hommage à Marcel Proust mais je trouve quand même que c'est un livre de spécialistes et le décodage n'est pas toujours évident. J'attends toutefois la suite de cette charmante histoire que j'ai lu dans le cadre d'une opération Masse Critique.

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