Citations sur Les Amies d'Héloïse (25)
En tout cas je crois de plus en plus que c'est à trente ans qu'on connaît la vie ; avant on fait des brouillons, avec plus ou moins de talent...
J'ai essayé de la remettre dans le droit chemin : celui de la réussite scolaire, mais comme c'est difficile de le faire avec délicatesse, quand on ne peut pas dire : « T'es moche, tu seras une mal baisée, alors prépare tes concours et fais carrière. »
Les moniteurs avaient des inconvénients : ce sont des gars du village et on se connaît depuis ma petite enfance, ce qui, je crois, m'inhibe un peu. Et puis ils s'appellent respectivement Théodule et Joseph. Ce sont des noms du pays, mais j'ai du mal à m'y faire. En amour le ridicule tue.
Mieux vaut un père mort, que tu pourras légèrement idéaliser, qu’un père comme risquait de le devenir François : immature, jaloux de son enfant, faisant des scènes.
Au fond, ce qui me perdra un jour, c'est la beauté de certaine voix.
- (..) Seulement maintenant, si je cherchais quelqu'un pour refaire ma vie, ce serait quelqu'un de différent. Femme ayant souffert, comme on dit dans Le Chasseur Français.
- C'est quoi, Le Chasseur Français ?
- Oh, un mensuel sur la chasse, vous savez, la vraie chasse : fusils, affût, munitions, mais qui publie aussi les meilleures annonces matrimoniales du pays. C'est une institution en France.
- En somme, ils font de la chasse en tout genre.
- Oui, mais dans le genre sérieux et orthodoxe. Je ne pourrais pas y faire passer une annonce, même en affichant le chiffre de mes espérances, pour trouver une douce compagne.
Ma seule consolation c’est que les hommes ne rendent pas toujours les femmes heureuses et que, peut-être, nous ne sommes pas pires.
Mais nous n’y pouvons rien. Tu as été à mon avis la meilleure des mères et tu l’es encore en admettant ce qui se passe. Accusons plutôt l’hérédité.
Il y a dans la vie de bonnes choses dont on ne se prive pas impunément pendant deux ans et demi. Pas tellement je crois pour des raisons d’ordre psychologique, mais pour des raisons hédonistes. Je lui ai demandé si ses propres ruptures avaient été douloureuses, et pourquoi finalement une fille qui avait l’air si facile à vivre avait, de son propre aveu, été plaquée. « Mais c’est que je ne suis pas si facile à vivre. Il y a des choses auxquelles je tiens ferme, et mon travail en est une.
Le folklore des ouvriers (aux mains calleuses, comme dit ta future belle-fille) et des gamelles apportées par leurs femmes dévouées, c’est fini. La « télé », comme ils disent, a tué tout ça. Nous assistons aux derniers soubresauts de .a bête, malgré les apparences. Ce sont les gamins gâtés de la bourgeoisie qui s’agitent : des marmots nourris au lait en poudre, habillés luxueusement, ne sachant même pas qu’une chaussure, ça peut se ressemeler, qu’un manteau, ça peut se retourner et se re-retourner, et que la consommation c’est une sorte de paradis, pour qui a crevé de faim.
On peut craindre encore davantage de rigidités, comme ici en Suède, où il est interdit d’apprendre à lire à un enfant avant sept ans révolus, où tout est obligatoire, réglementé. Dès que tu fais preuve de fantaisie, on te retire tes enfants. Impossible de choisir son école, même presque ses loisirs. Le paradis social-démocrate n’est qu’apparent, mais les Suédois ont l’habitude : avant ils se laissaient dicter leur conduite par leurs pasteurs, encore avant par leurs curés. C’est un drôle de peuple : aucun sens de la liberté.