Retour à Sarcelles

Toujours dans la veine de la saga romanesque, voilà l'histoire d'Annie, "la petite orpheline", pour Anne-Marie, élevée par sa grand-mère, ouvrière, qui, à chaque question sur ses origines, lui répond "Tu es bien trop petite, Dame, oui".

Annie a deux amies, Geneviève et Isabelle de Chéméré, filles d'un officier de l'armée française. Voici donc le lien avec la famille de Chéméré, présente par le biais du proviseur, ami de Suzanne Lacombe, Philippe de Chéméré, dans "Les amies d'Héloïse" et "Journal de Suzanne".

Hélène de Monferrand recourt au découpage en époques différentes : l'histoire d'Annie d'abord, à Sarcelles, puis l'histoire de sa "mystérieuse" mère, qu'elle croit morte, Simone, mais qui, en réalité, vit en Allemagne de l'Est, à Berlin-Est, puis l'histoire d'Annie à Berlin-Est - sa grand-mère étant morte, bien qu'elle eût préféré être adoptée par les Chéméré, elle accompagne sa mère à Berlin, sa vie dans le Berlin d'avant le mur, puis sa fuite vers Berlin Ouest, son choix de retourner en France afin de retrouver Sarcelles et ses amies.

On suit vraiment avec beaucoup d'intérêt l'interprétation romanesque de la vie à Berlin-Est, puis les tribulations des deux demi-soeurs, Annie, la fille de Simone et d'un inconnu, probablement russe, et Annelore, la file de Simone et de son mari, bien plus jeune que sa soeur.

Comment Annie trouve un travail à Paris, d'abord, se passionne pour le jeu ensuite (c'est la partie qui m'intéresse le moins, car le jeu ne me parle pas du tout), se marie, a deux enfants, puis se sépare et est engagée chez Tauberg AG. Nous y voilà ! Elle y rédige des rapports d'audit et nous retrouvons Lise Schulberg et Erika von Tauberg, un peu plus tard. A part une seule allusion, aucune mention n'est faite de la vie privée d'Erika, que les lecteurs de H. de Monferrand connaissent bien.

Ce résumé critique laisse pourtant plein de choses de côté, la prédiction de Madame Cilea, faite à Annie et aux petites de Chéméré, où la "Dame de Pique" semble bien mystérieuse, les considérations littéraires des trois petites filles sur "Les vacances" de la comtesse de Ségur, la transformation de Sarcelles, entre les années 50 et les années 90, la chute du Rideau de Fer, vécue cette fois par Annie et ses enfants, devenus de jeunes adultes...

Et, je n'en dis pas plus, le découpage en chapitres correspondant à des époques différentes ne facilite pas la lecture, à première vue, mais c'est ce qui vous pousse à y venir et à y revenir. Et puis, il y a toujours le style de Hélène de Monferrand... Pour qui aime une belle écriture, non exempte de vie et de niveaux de langue différents. Faire un petit plan en marge du découpage en chapitres n'est pas superflu.