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Critique de SZRAMOWO


Je découvre Nadine Monfils avec son roman Ice Cream et Châtiments. La première phrase laisse le lecteur pantois mais l'incite à poursuivre et il n'est pas déçu de la suite.
« Quand on a tout eu, la gloire dans un feuilleton populaire, la beauté grâce à une gueule de pub pour Nespresso, l'amour avec des stars qui ont foulé le red carpet, et qu'on se retrouve des années plus tard en train de cavaler la nuit, à poil dans les bois, avec une tronche de fraise de Plougastel, y a de quoi penser que la vie est un long fleuve débile. »
Une histoire simple :
Le sosie d'Elvis, le King from Charleroi, au volant de sa Pink Rose Cadillac, roule sur une route de campagne, il doit assurer un « Concert exceptionnel d'Elvis, the King from Charleroi, au home le Rossignol guilleret à Chimay, ce samedi 18 juin, à 20 heures. », mais rien ne se passe comme prévu, il renverse Joël Bermude l'acteur qui s'est illustré « dans Bouffi et les vampires, un super méga feuilleton télé, devenu culte tellement c'était con », que « Rémy – surnommé Spéculoos (Spécu pour les intimes) » était censé enlever pour le compte de Mickey
Avec des personnages à la limite de la rupture, attachants et empêtrés dans leur mal-être, méchants par obligation, car personne ne leur a jamais appris à quoi pouvait ressembler l'empathie ou la compassion :
Rita la majorette de de Marcinelle « 85 kg pour une hauteur guère plus glorieuse que Mimie Mathy », séduite par Elvis : « Majorette, ça demande de la discipline et du savoir-faire. C'est un art ! Faut être née dans un tambour pour piger. Moi, j'quitte jamais mes bottes blanches. »
Elvis Cadillac : « C'est justement parce qu'elle n'est pas gâtée par la nature que je me suis conduit comme si elle me plaisait. »
« Mais c'était le genre de fille avec qui tu risquais d'avoir des représailles si t'étais pas gentil. Il sentait qu'elle pouvait être mauvaise et surtout qu'elle n'écoutait pas et faisait semblant de ne pas comprendre, histoire de gagner du temps. du style crampon ».
« Rémy – surnommé Spéculoos (Spécu pour les intimes) » : « Un jour, ma mère m'a dit que j'étais pas désiré et qu'elle avait essayé de me faire gicler. »
Mickey, son chef : « Moi j'suis peinard chez ma darone, décréta Mickey. Elle s'en est tellement fourré dans l'pif quand mon paternel s'est barré qu'elle a un pète au casque. Elle en était raide. Ça a tout bousillé chez elle. Là, tu dirais une vieille sorcière Maintenant, elle confondait le petit Jésus avec une marque de salami.»
Johnny Cadillac : « Boire une bière, c'est sauver un brasseur. Mais si tu veux sauver la brasserie, y faut en boire plusieurs »
Bouli le manager d'Elvis Cadillac, « ancien boucher dans les Marolles à Bruxelles » :
« C'est pas parce qu'on est cul-de-jatte qu'on a perdu ses neurones. » Et de fait, il compensait son handicap en fourmillant d'idées et en ayant repris la devise du colonel : « Chante, je m'occupe du reste. » « Je ferai de toi une légende couleur de poussière d'or. » « J'vois rien d'autre, soupira Bouli. Ma bobonne me disait que ça pouvait toujours servir et que, dans les cas désespérés, fallait mettre un cierge à sainte Rita. »
Mémé Cornemuse, fan de William Sheller et d'Arvo Pärt, : « (…) la plus incroyable et la plus pétée de toutes les créatures de la Terre, débarqua dans la vie d'Elvis Cadillac. C'était tout, sauf un ange. Mais qu'est-ce qu'on s'emmerde avec les anges ! »
Roger le patron du Bistro : « Moi j'suis de commerce, j'ai rien vu. »
Jocelyne et René, un couple sans histoire : ils « s'étaient rencontrés au concours de Miss Moulinex, devant un jury avisé dont René faisait partie. Jocelyne (…) remporta le concours grâce à la voix de René. »
Ces gens-là ont des références, s'il vous plait, et quelles références :
Philippe Léotard : « Changer d'agent, c'est comme changer de chaise longue sur le Titanic. »
Ils ont aussi une philosophie de la vie, à coup d'aphorismes appris on ne sait où :
Mickey : « Si t'as envie d'atteindre le sommet d'une montagne, achète-toi d'abord des boots. »
Bouli : « (…) dans les cas désespérés, fallait mettre un cierge à sainte Rita. » « Regarde Chantal Goya, elle a l'air d'une gamine. de loin, bien sûr, mais c'est l'illusion qui compte. »
Spéculoos : « Depuis tout môme, c'était comme ça. Chaque fois qu'il disait la vérité, on ne le croyait pas. Et s'il racontait des craques, alors, bingo ! »
Rita : « La solitude n'est agréable que quand on la choisit. »
Elvis : « Parfois, vaut mieux ne pas connaître le prénom de celle avec qui on va baiser, pour pas risquer de couper les ardeurs. »
Mémé Cornemuse : « Chacun fait son lit comme il se douche. » « Ce que l'autre ne sait pas ne lui fait pas mal. »
Jocelyne et René : « Avec ça*, pas besoin d'aller voir ailleurs, tu as le monde dans ton salon, et en plus tu risques pas de te faire sauter le caisson par un terroriste. »
*La télévision
Nadine Monfils lance ce petit monde dans une course poursuite avec ses envies et ses rêves. Elvis ne deviendra jamais « (…) une légende couleur de poussière d'or » sa route a croisée celle de Spéculoos et Mickey, Joël Bermude et Rita ont croisé la route d'Elvis, pour leur plus grand malheur, et Elvis celle de Mémé Cornemuse…
Il y a du Fargo et du The Big Lebowski dans le roman de Nadine Monfils, pas un vulgaire plagiat, mais une sorte de filiation bien vécue. Des personnages qui sont débordés par leur façon d'imaginer la réalité. Rien ne colle. Et plus ils veulent faire coller la réalité à leurs visions, plus ça dérape, ils se laissent porter sans savoir jusqu'où ça peut aller.
Une découverte pour moi, grâce aux éditions 12/21. Une découverte que je vous incite à faire si ce n'est pas le cas.

Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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