Quand une trame ne le séduit pas, quand le scénario ne lui permet pas de s'évader comme il le voudrait de son quotidien, le lecteur conserve la maîtrise de son univers. Il lui suffit de fermer l'ouvrage ... et tout est terminé.
Vous, vous n'êtes pas un prédateur, vous êtes un exterminateur, précisa-t-elle. Vous n'avez pas votre place dans cette chaîne, vous êtes ce que nous nommons une "espèce nuisible". Vous êtes un peu comme cette algue tueuse, la Caulerpe, expliqua Anne.
- Celle qui a envahi la Méditerranée ?
- Oui, je vois que vous connaissez ; et bien vous êtes semblable. Vous colonisez des terres, en y détruisant tout, pour vous installez, vous, et seulement vous, éradiquant tout ce qui pourrait vous gêner dans votre développement jusqu'au jour où, comme la Caulerpe, vous disparaîtrez après avoir compris que ce que vous détruisiez vous était indirectement vital.
"l'homme n'a pas su respecter la nature. A présent il n'y a plus aucune raison pour que la nature respecte l'homme."
Non habitués à manœuvre un navire, les soldats le positionnèrent maladroitement en travers de la route de leur assaillant.
-Cette chose va nous percuter...murmura Grant,en voyant des rides se former sur la surface du fleuve, à quelques mètres à peine de la coque.
-Accrochez-vous à ce vous pouvez !
Le choc fut violent mais personne ne fut projeté dans la Seine cette fois-ci....
Vous êtes peut-être incroyablement évolués, mais vous n'en restez pas moins un être vivant.
Quand un homme désire tuer un tigre, il appelle cela sport. Quand un tigre le tue, il appelle cela férocité .
George Bernard Shaw (1856-1950)
– Toutes ces personnes se sont fait attaquer, et ont cherché à fuir précipitamment un danger imminent, repris doctement Miller. En abandonnant tout sur place… La seule chose que je ne m’explique pas, c’est qu’il n’y ait pas de traces de sang et toujours aucun corps… comme si…
Grant pivota vers le militaire qui n’avait pas terminé sa phrase.
– Comme si ?
Miller hésita.
– … Comme si tout avait été nettoyé.
[…] Mais cette image nous rappelle que la nature reprendra un jour ou l'autre ses droits. Il en a toujours été ainsi, et il en sera toujours ainsi. (p54)
L'homme croit quelquefois qu'il a été créé pour dominer, pour diriger. Mais il se trompe. Il fait seulement partie du Tout. Sa fonction ne consiste pas à exploiter, mais à surveiller, à être un régisseur. L'homme n'a ni pouvoirs, ni privilèges, seulement des responsabilités. (Voix des sages indiens, Éditions du Rocher, coll. Nuage rouge, 1994)
La nature c'est nous. Mais la nature c'est aussi tout ce qui échappe à la volonté de l'homme et qui tient sa vie en otage. (Jean-Louis Étienne)
Grant leva ses yeux. Tout se déroulait un peu comme dans un roman de fiction, à une différence près cependant, et pas des moindres : l'omnipotence du lecteur. Quand une trame ne le séduit pas, quand le scénario ne lui permet pas de s'évader comme il le voudrait de son quotidien, le lecteur conserve la maitrise de son univers. il lui suffit de fermer l'ouvrage... et tout est terminé. Malheureusement, il n'est pas possible d'en faire autant avec sa vie. On ne vit pas par procuration. Une fois ce grand livre ouvert, il faut en poursuivre la lecture, sans sauter de page, et ce, jusqu'à son épilogue. Entre-temps, il n'y a aucune échappatoire possible...