Les Highlanders, tome 7 : La vengeance de McKeltar

La vie, c'est ce qui vous tombe dessus quand vous êtes occupé à faire d'autres projets

C'était à n'y rien comprendre ! J'ai follement envie de toi, mais je t'interdis de me toucher. Voilà le message qu'elle semblait lui envoyer...

_Ça m'étonnerait. Occupe-toi de tes affaires et fiche-moi la paix. Jessica lui secoua le bras.
―Est-ce que l'un de vous se rend compte de la ressemb...
―Tout ce qui se passe dans cette ville est mon affaire. Vous êtes sur mon territoire, étranger, répliqua le dénommé Dageus.
―Ce territoire était le mien avant ta naissance, rétorqua Cian avec un sourire glacial.
Dageus ne répondit pas immédiatement. Son regard acéré scruta Cian avec une intensité presque douloureuse, et de nouveau, celui-ci perçut une pression sur son esprit, plus subtile que les premiers assauts du Highlander, mais plus résolue.
Il la repoussa avec énergie. Cette fois-ci, une lueur d'alarme s'alluma au fond des étranges yeux dorés de son interlocuteur.
―Je suppose que vous ne voulez pas dire... ce que je pense ?
―Pour penser, il faut un minimum d'intelligence. Je n'en vois pas beaucoup chez toi, rétorqua Cian.
―Regardez-vous dans une glace, et vous en verrez encore moins. À quel clan appartenez-vous ?
―À propos de se regarder dans un miroir, intervint Jessica d'un ton obstiné, vous devriez tous les deux...
―Je vais te le dire, mais tu ne t'en tireras pas comme ça. Mon nom est Keltar. Et le tien ?
―Keltar.
Un silence de mort s'abattit sur leur petit groupe

―Il y a tellement de questions que j'ai envie de te poser ! Ton âge, par exemple – sans compter les années passées dans le miroir.
―Trente ans. Je venais de fêter mon anniversaire quand j'ai été enfermé. Et toi ?
―Vingt-quatre.
―A mon époque, tu aurais été...
―Une vieille fille, je sais. Tu es pire que ma mère !
―Ce n'est pas ce que je voulais dire. Tu aurais été très courtisée, au contraire. Une beauté comme toi ne serait jamais restée célibataire. Les hommes les plus riches se seraient battus pour t'épouser.
―Une beauté comme... répéta-t-elle d'un ton stupéfait, avant de s'interrompre en rougissant.
Puis elle lui décocha un sourire espiègle et reprit d'une voix très douce :
―Merci. Donc, j'aurais été mariée. Puis veuve. Puis remariée. Puis veuve une fois de plus... Et chaque fois, note bien, sans le moindre héritage qui m'aurait permis de vivre à ma guise. Un frère ou un cousin du défunt m'aurait de nouveau mis le grappin dessus pour éviter que les biens ne sortent de la famille.
Cian hocha la tête

―Des livres ? Tu as une bibliothèque, là-dedans ?
―Je me suis constitué une petite réserve au cours du temps, expliqua Cian. J'ai pris ce qui me tombait sous la main.
Curieuse, Jessi ramassa les ouvrages tombés sur le plancher du véhicule. Une brève histoire du temps, de Stephen Hawking, le Webster's Unabridged Dictionnary of the English Language, l'Histoire naturelle de Pline, une Encyclopédie il ustrée de l'univers, ainsi qu'un atlas grand format.
―Tu as des goûts assez variés, commenta Jessi, amusée.
Pour sa part, elle avait un faible pour les romans de Linda Howard et la série des Stephanie Plum, de Janet Evanovich, lorsqu'elle n'était pas accaparée par ses lectures professionnelles, ce qui lui arrivait environ une fois par an.
―Il fallait bien que je me tienne au courant de ce qui se passait dans le monde

Pour ne rien arranger, il avait tout du type d'homme qui entend « oui »
quand on lui dit « non », et malgré son manque d'expérience, Jessi savait d'instinct ce qu'il était : un amant insatiable, exigeant... inoubliable.
―Fais-moi sortir d'ici, femme, ordonna-t-il de cette voix profonde qui avait le don de l'électriser.
―Non, dit-elle faiblement.
Elle refusait de libérer ces quatre-vingt-dix kilos de muscles, de sueur et de virilité dont la seule présence éveillait en elle de coupables images.
―Alors, sois gentille, cesse de me regarder comme cela.
―Comme cela ? répéta-t-elle sans comprendre.
―Comme si tu allais recommencer à passer le bout de ta langue sur mon dos... et ailleurs aussi.
Il se mordit les lèvres en une mimique suggestive et décocha à Jessi un de ces sourires à la fois arrogants et enjôleurs dont il semblait posséder le secret.
―Je n'avais pas l'intention de vous lécher, l'autre jour ! protesta-t-elle, prenant conscience, trop tard, de la portée érotique de ses paroles. Je croyais que je rêvais

Ce n'est pas possible, murmura Jessi. Je vais me réveiller !
La logique voulait qu'il n'y ait personne derrière elle en ce moment. Un miroir ne pouvait contenir un être humain !
Son instinct, en revanche, lui disait le contraire. Il y avait quelqu'un derrière elle, et pas n'importe qui. Un homme avec un grand H, qui dégageait l'énergie d'un brasier... Elle pouvait presque sentir la chaleur de son corps dans son dos.

« Lorsque l'on est en danger de mort, songea Jessi avec un étrange détachement, le temps s'étire curieusement. On a l'impression que tout se déroule au ralenti, même si l'on sait que les événements se précipitent à la vitesse de l'éclair. »

Avec toutes les régions du nord de l'Europe autrefois peuplées par les Celtes, l'Écosse était l'un des pays que Jessi s'était promis de visiter un jour. Ce qu'elle n'avait pas envisagé, songea-t-elle en évitant de justesse l'une des innombrables ornières qui creusaient la petite route poussiéreuse, c'était qu'elle le ferait dans des circonstances aussi rocambolesques – traquée par un druide sanguinaire, accompagnée par un Highlander du IXe siècle et au volant d'un 4 x 4 volé.
Non, vraiment, ce n'était pas ainsi qu'elle avait imaginé son tour d'Europe..

―J'aimerais bien savoir ce qu'elle trafique ici ! glapit la blonde, dont les pas se rapprochaient. Ce n'est pas une jeune fille, c'est une vraie sauvageonne. Vous avez vu ce qu'elle m'a fait ? Je vais avoir besoin de chirurgie esthétique pour retrouver mon visage !
Cian l'interrogea d'un regard où brillait une lueur d'amusement.
―Tu l'as frappée ? murmura-t-il d'une voix à peine audible.
―Elle me barrait le chemin. Il fallait bien que je te retrouve. Il éclata d'un rire silencieux, tandis qu'une expression de triomphe éclairait son visage.
―Tu ferais la fierté d'un Highlander, lass, chuchota-t-il à son oreille.
De la part d'un guerrier du IXe siècle, c'était sans doute le plus beau des compliments, songea Jessi, touchée.
―Et ensuite ? Tu as une solution pour nous sortir de là, Highlander de mon cœur ?
Cette fois-ci, il rit franchement.