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Critique de Fandol


Fandol
22 décembre 2020
Christian Montaignac, excellent journaliste pour L'Équipe de 1967 à 2004, a couvert les Jeux Olympiques durant cette période, cinq Coupes du monde de Football, une quinzaine de Tours de France, décroché plusieurs prix journalistiques et il est l'auteur de nombreux livres dont L'Année du Rugby depuis 1973.
Avec Les Tragiques (Ils ne sont morts qu'une fois), il a réussi une belle oeuvre littéraire en rappelant à nos souvenirs le sort funeste subi par quelques championnes et champions. J'avoue aussi en avoir découvert quelques-uns dont j'ignorais le nom.
La gloire éphémère fait souvent tourner les têtes, des soirées trop arrosées mènent à des imprudences fatales sur la route mais il y a surtout les accidents causés par la pratique de la compétition au plus haut niveau.
Les Tragiques est un beau livre que j'ai pu lire grâce à Babelio et à En Exergue éditions que je remercie. Les illustrations de Bernard Vivès sont très réussies. Chaque sportif au sort tragique a son portrait au-dessus de son patronyme et les dates de sa trop courte existence. Cela est très bien fait et j'ai pu me plonger dans un récit plein d'émotion, de réalisme et de vécu car Christian Montaignac a côtoyé quelques-uns de ces personnages au cours de sa vie professionnelle.
Sur la couverture du livre, impressionne le portrait de Battling Siki (1897-1926), jeune Sénégalais remarqué par une danseuse allemande qui l'abandonne à Marseille. Il a quinze ans et doit se débrouiller, seul. Mbarik Fall ou Phal se lance dans la boxe puis s'engage dans l'infanterie coloniale. Après la guerre, en 1919, il reprend la boxe, devient Battling Siki. Il est même le premier Africain champion du monde. Il s'est permis de battre la star du moment, Georges Carpentier, mais doit affronter un racisme terrifiant. Tendant de relancer sa carrière aux États-Unis, il est abattu dans la rue, à New York, le 15 décembre 1926.
Auparavant, Christian Montaignac a prévenu : il parlera de sportifs disparus en plein âge d'or, après une sélection personnelle, forcément subjective. Alors, je me suis lancé dans la lecture, commençant par Adolphe Hélière (1891-1910), un coureur cycliste breton, de Fécamp, tentant de boucler le Tour de France 1910 et mort à Nice alors qu'il se baignait après un repas copieux, un jour de repos…
Ils sont donc cyclistes, footballeurs, boxeurs, rugbymen, basketteurs, navigateurs, skieurs, cavalière, fleurettiste… La liste est bien trop longue pour les citer tous mais le cyclisme étant mon sport favori, je ne résiste pas à rappeler les noms de Fabio Casartelli, Gérard Saint, José Samyn et Jean-Pierre Monseré.
Je vous conseille de vous plonger dans ce livre où, bien sûr, il est possible de choisir ses têtes mais ce serait dommage de s'arrêter aux noms connus comme Ayrton Senna, Alain Colas, Régine Cavagnoud, Emiliano Sala ou Tom Simpson.
L'auteur dont le rugby - il ne s'en cache pas - est le sport favori, a eu la bonne idée de rappeler qui était Yves du Manoir (1904-1928). Excellent dans tous les sports, joueur vedette du Racing Club de France, sélectionné en équipe nationale, ce polytechnicien a choisi l'aviation et décide de passer la dernière épreuve pour obtenir son brevet de pilote. Hélas, à cause du brouillard, il heurte des peupliers et s'écrase au sol le 2 février 1928. Plus célèbre mort que vivant : le stade de Colombes et un Challenge devenu Coupe de France portent son nom comme le nouveau stade de Montpellier rugby depuis 2007.
Je n'oublie pas un chapitre spécial consacré à la Grande guerre : « Sur huit millions de mobilisés, entre 1914 et 1918 ; plus de 2 millions de jeunes hommes sont tombés, plus de 4 millions sont restés blessés. » 121 athlètes de haut niveau dont beaucoup de rugbymen, 89 footballeurs, 77 cyclistes, 52 athlètes, 27 boxeurs et 23 escrimeurs font partie de ces victimes.
Pour finir, je ne résiste pas à mentionner le nom de Georgette Gagneux (1907-1931), athlète de grand talent qui fut la première Française à sauter à plus de cinq mètres en longueur. Combattant le sexisme borné du baron de Coubertin, elle luttait avec Alice Millat, championne d'aviron, pour permettre à cinq épreuves féminines de figurer aux JO d'Amsterdam en 1928. Elle était folle de sport… à en mourir.
Ce livre de Christian Montaignac, remarquablement écrit, recèle encore quantité d'anecdotes, d'informations passionnantes et sa lecture est très instructive.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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