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Citations sur Noire : La vie méconnue de Claudette Colvin (14)

Dans mon enfance, il n'y avait plus le visage passé au cirage noir ni la bouche peinte en rouge, Jim crow n'existait pas, c'était la France, la France des années 1980, mais un comique, blanc, qu'on voyait souvent, et que les femmes trouvaient très séduisant, avait pour habitude d'imiter un "Africain". Le personnage n'avait pas de nom, on ne disait pas de quel pays il était, c'était inutile, c'était simplement "L'Africain". Bien sûr, je pense que ce comique n'aurait jamais pensé à imiter un personnage appelé "L'Européen". D'ailleurs, si on le lui avait suggéré, il aurait ri en disant: "Ne soyez pas ridicule, l'Europe est un continent, pas un pays, un Norvégien n'a rien à voir avec un Portugais." Mais, pour l'Afrique, c'était différent, ça semblait aller de soi. Il y avait une évidence à penser qu'en ces lieux étaient regroupés des gens semblables en tout point, puisque noirs, une masse compacte et uniforme qui, d'un bout à l'autre du continent, parlait la même langue, avait la même histoire, la même géographie, le même visage.
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Pendant que j'écrivais ces pages, des policiers blancs ont fait l'objet d'une enquête pour avoir publié des photos de soirées "négros" où ils se peignent le visage en noir, portent des boubous et des bananes autour du cou ou de la taille.
Pendant que j'écrivais ces pages, le propriétaire blanc d'une équipe de basket a enjoint à sa petite amie, pourtant pas franchement blanche, de ne pas fréquenter de noirs.
Pendant que j'écrivais ces lignes, une ministre s'est fait traiter de guenon, (...) un grand jury, majoritairement blanc, a décidé de ne pas renvoyer devant la justice un policier blanc ayant abattu de six balles à bout portant un jeune noir non armé.
Pendant que j'écrivais ces mots, des milliers, des millions de gens, de couleurs, de cultures différentes, se sont rencontrés, aimés et ont fait des enfants qui brouilleront les pistes, pourtant bien balisées, de la pensée raciste.
Pendant que j'écrivais ces mots, un homme blanc marié à une femme noire et père de deux enfants métis est devenu le maire de New-York. Il faudrait être fou pour penser que depuis les années 1950 tout a changé, que le racisme n'existe plus, que chacun avance sans préjugés; mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que pour cent reculs il y a mille avancées. C'est sur elles que je mise.

(postface)
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Nous ne serons pas égaux tant que nous ne nous serons pas enlevé la peau l'un à l'autre.
Heiner Mülller,
La mission
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Tout s'enclenche donc, et, sur le papier, dans les premières heures de son arrestation, Claudette Colvin pourrait être Rosa Parks. Elle est conduite au commissariat, on l'enregistre, on prend ses empreintes, puis direction la prison, pas celle des mineurs, bien que Claudette n'ait que quinze ans, mais celle des adultes. Pendant tout le trajet, les policiers l'appellent "La chose", "La pute". Bien qu'effrayée, elle fait face. Quand le révérend Johnson et la mère de Claudette viennent payer sa caution, ils s'attendent au pire. Elle est dans une cellule, elle pleure, c'est l'Alabama des années 1950, le pire a donc forcément eu lieu. Ils demandent : "Est-ce que ça va Claudette ?", sous-entendant : "As-tu été battue ?", "As-tu été violée ?", puisque c'est ainsi que la rébellion des femmes finit toujours. "Est-ce que ça va Claudette ?" Oui, ça va, Claudette a gagné la première manche, elle est en un seul morceau, vivante, ni battue, ni violée. Mais sortir de prison ne suffit pas, toute la nuit le père de la jeune file attend, un fusil à la main, qu'arrivent les hommes du Ku Klux Klan. Après tout, en une journée, Claudette a défié un chauffeur et deux policiers, trois hommes blancs c'est plus qu'il n'en faut pour être lynchée.
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Mais poursuivons, suivez votre serviteur, suivez-moi, car désormais, vous êtes noir. Etre noir, contrairement à ce que l'on imagine, ça n'est pas une question de peau, c'est une question de regard, de ressenti. Ça vient de l'extérieur d'abord, de l'autre, puis le problème d'infiltre, comme une inondation sournoise, ça perce la cuirasse goutte à goutte, ça effrite par imprégnation. Il fut un temps où je n'étais pas noire. C'était avant la collision, avant l'école maternelle. Il fut un temps où j'étais simplement une petite fille de pas encore trois ans.
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C'est une chose que de se croire dans son bon droit et de se préparer à batailler pour le défendre, c'en est une autre de découvrir qu'il n'y a pas de droit.
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Lorsque j'ai voulu vous parler, vous voir peut-être, vous m'avez fait répondre que vous ne souhaitiez plus être dérangée, que tout avait été dit, et jusqu'à présent, vous comptiez retourner dans le silence qui vous avait toujours accompagnée. Vous souhaitiez redevenir une de ces silhouettes qui parcourent les rues, sans éclat, sans susciter rien d 'autre que l'indifférence, désireuse de ne pas être à nouveau maltraitée par l'Histoire".
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Prenez une profonde inspiration, soufflez, et suivez ma voix, rien que ma voix, désormais, vous êtes noir, un noir de l' Alabama dans les années 1950.
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la suprématie blanche coûte que coûte en érigeant une séparation étanche entre les blancs et les autres
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Vous êtes une femme, donc moins qu’un homme, et vous êtes noire, donc moins que rien
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