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Critique de Fandol


Avec La bonne chance, Rosa Montero m'a entraîné dans une histoire extraordinairement émouvante et surtout captivante.
Cette autrice espagnole dont le livre a été retenu pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives 2022, excelle dans l'art d'intriguer, de garder le mystère jusqu'au bout, attisant ainsi de plus en plus mon impatience.
Pourtant, bien que désireux de savoir, de décrypter ces informations distillées tout au long du roman, je prenais bien le temps d'apprécier, de vibrer, de trembler en lisant La bonne chance.
Tout commence donc dans le train AVE Madrid-Málaga, un TGV qui s'arrête dans toutes les gares… Un homme, près de la fenêtre, est devant son ordinateur mais ne semble pas très concentré. À Cordoue, il descend et fait tout pour revenir à la gare précédente : Pozzonegro où il avait aperçu un panneau « à vendre » accroché au balcon d'un appartement, en face de la gare.
Pozzonegro, « le patelin le plus laid du monde », comme le dit Rosa Montero, rassurez-vous, n'existe pas, c'est précisé en notes de fin d'ouvrage. Ici, c'est une ville minière qui fut prospère mais, depuis la fermeture de la mine, c'est la décrépitude.
Notre homme, Pablo Hernando, achète cash l'appartement à un certain Benito Guttiérez, drôle de bonhomme qui brille ensuite par sa bêtise et sa cupidité. L'appartement est miteux, sale, mal fichu et, quand un train passe, tout tremble et c'est assourdissant. Qu'importe, cet homme attendu à Málaga pour un cycle de conférences, fondateur d'un atelier d'architectes à la renommée internationale, s'y installe.
Débute alors une ronde infernale qui réserve, heureusement quelques respirations salutaires avec Raluca, voisine de Pablo, qui tente de s'occuper de lui. Elle est caissière au supermarché local, le Goliat, et réussit même à le faire embaucher.
Dans cette ronde, j'entends parler de police, d'un certain Marcos dont le nom terrorise Pablo qui va avoir cinquante-cinq ans. Felipe, autre voisin, est sous oxygène. Il fait partie des relations que noue Pablo qui entend, chaque soir, à l'étage au-dessus, des coups, des cris, des pleurs. Quand il tente de savoir ce qui se passe, c'est le silence.
Au Goliat, Raluca s'inquiète parce qu'une superviseuse semble vouloir réorganiser le magasin où Pablo met en rayons jusqu'à une heure tardive.
Dans ce bourg sinistre, en pleine chaleur torride de l'été, peu à peu, Pablo est rattrapé par son passé, par tout ce qu'il tentait d'oublier. Enfant battu par un père alcoolique, il a réussi sa vie d'adulte mais Clara, sa femme, est morte, et leur fils, mystère…
Quant à Raluca, elle a été abandonnée à la naissance puis a été internée en soins psychiatriques avant de mener une vie quasi normale jusqu'à ce qu'elle rencontre Pablo. Femme courageuse et belle, elle ne laisse pas cet homme insensible mais pourquoi a-t-elle de la peine à garder un oeil ouvert ?
Au passage, Rosa Montero complète son roman de terribles faits divers démontrant la folie humaine que ce soit des sévices intrafamiliaux ou un massacre aveugle, aux États-Unis par exemple.
J'ai dû aller tout au bout de ce roman social qui flirte avec le thriller pour savoir enfin qui bénéficie de la bonne chance. Rosa Montero, bien traduite par Myriam Chirousse, raconte bien, donne régulièrement la parole à ses personnages, même à l'horrible Benito et j'avoue qu'elle m'a fait vibrer jusqu'au bout.
La bonne chance, finalement, c'est moi qui en ai bénéficié en lisant cet excellent roman !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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