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Critique de raton-liseur


Avec un tel titre, une telle couverture et de telles autrices, je ne m'attendais pas à ça comme bd… Je pensais trouver un récit de la catastrophe de l'Amoco Cadiz mais si l'Amoco Cadiz est bien là, ce n'est pas à mon avis le sujet de cette histoire. le personnage autour de qui gravite cette histoire, c'est Léon Larze, un paysan plein d'énergie et d'envie de changer les choses autour de lui qui se retrouve maire de son village, sur la côte Nord du Finistère. Léon Larze, un personnage inspiré d'Alphonse Arzel (la proximité sonore n'est pas fortuite), le maire qui a été à la tête du combat juridique de 14 ans contre la Standard Oil, l'armateur de l'Amoco, un combat victorieux, une date importante pour la cause écologiste.
Et si Léon Larze est le pivot de l'histoire, c'est parce que le sujet principal de cette bande dessinée est sa famille, et l'impact de son combat, et plus largement de son engagement politique, sur cette famille. Alphone Arzel avait une femme et cinq enfants, Gwénola Morizur a donné à son personnage une femme et trois enfants, qui sont comme des condensés des cinq de la vraie vie. Et on a l'impression que plus Léon Larze s'investit, plus sa femme doit prendre en charge la ferme et la famille ; on a l'impression qu'il passe aussi un peu à côté de ses enfants, même s'il les aime. Et on voit comment chacun dans la famille réagit à la tragédie de l'Amoco Cadiz, ceux qui étaient loin et ont du mal à réaliser, ceux qui décident de se battre envers et contre tout, y consacrant leur vie et parfois celle de leurs proches, ceux qui font face dans le quotidien.
C'est un très beau sujet, mais il faut être prêt à ne pas lire l'épopée de l'Amoco Cadiz. Et puis je trouve que ce livre est un peu trop superficiel. le sujet n'est pas simple, mais il est ici traité sur une très longue durée en finalement peu de pages, ce qui fait que tout est suggéré plutôt que dit véritablement, et cela m'a un peu gênée. Et puis quand on lit les informations fournies à la fin sur la famille de l'autrice, la famille d'Alphonse Arzel, on se rend compte que sa femme était beaucoup moins effacée qu'elle n'est présentée dans le livre. J'imagine que cela sert le propos, mais je trouve cela un peu dommage.
Je sais que le dessin, avec ses traits assez nets et ses couleurs un peu passées, ne fait pas l'unanimité, mais j'ai bien aimé cette douceur pour traiter d'un sujet finalement très domestique. Ces images m'ont rappelé les bd de la revue que je lisais en étant ado, les bd de Tito. Rien de révolutionnaire donc, peut-être, mais un aspect familier qui me semble bien se marier avec le sujet.
En définitive, c'est une bande dessinée qui n'est pas sur le sujet auquel on s'attend, et c'est une bande dessinée dont le scénario me paraît trop lâche pour répondre aux attentes du lecteur. Ce n'est donc pour moi pas une réussite, malgré plusieurs belles planches. Et je ne peux m'empêcher, en refermant cette bd, de me demander ce qu'Alphonse Arzel en a pensé quand sa petite-fille la lui a fait lire. S'est-il rendu compte des répercussions de ses choix de vie sur sa famille ? le savait-il et en était-il triste, ou faisait-il semblant de l'ignorer, ou encore n'a-t-il rien vu ? Nous ne le saurons pas, et cela ne nous regarde probablement pas, mais cette bande dessinée pose beaucoup de questions, notamment ce qu'est une famille, et ce que les choix personnels signifient pour ceux qui nous entoure. Une interrogation qui va bien au-delà de l'histoire de l'Amoco Cadiz.
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