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Critique de brigittelascombe


Montherlant: une valeur sûre.
Une histoire simple, celle d'un adolescent Alban, dans lequel on reconnait aisément le jeune Henri lui même , qui lors d'un séjour en Espagne rencontre une belle andalouse Soledad qui l'attise en laissant une main nonchalante à baiser et joue à planter ses banderilles dans son coeur bouillonnant et orgueilleux, puis l'abandonne sur ses charbons ardents, alors qu'il apprend à toréer pour le plaisir.
Une écriture qui (pour moi) s'apparente à la fresque, au bas relief,visuelle, tactile, palpable,sensuelle, sensible, mais qui en plus de créer l'image et le volume, nous offrirait le son pour atteindre une autre dimension qui se connecterait directement sur notre imaginaire et qui en plus de se connecter sur notre imaginaire nous entrainerait vers une transe mystique finale hallucinatoire, celle de l'auteur lui même.
Me voilà subjuguée face à une oeuvre d'art (en dehors de toute considération sur la tauromachie pure) mon jugement ne porte que sur le côté évocateur des mots.
Rouge- Violence. Solaire de l'Espagne. Flamboyant de la passion. Ecarlate de la souffrance.Carminé du sang taurin.
Noir-Mort. Enfer de l'arène. Acier de l'oeil assassin. Charbonneux du pelage. Sombre du deuil de l'enfance.
Sur ces éclats de couleurs, le gladiateur et le fauve combattent comme dans le "Quo Vadis" de cette Rome antique chère à Montherlant, et lorsque les clameurs se taisent, tout en puissance, le Dieu Mithra, Alban lui même, offre son sacrifice au soleil.
Et là bas,
"Là bas, le troupeau se mettait à bouger. Les princes de la plaine avançaient à contre jour, le mufle bas, dodelinant la tête majestueusement, rythmant de leurs têtes leur marche souple dans sa lourdeur. Ils avançaient comme des choses qui vont vers un but très précis, les uns seuls, les autres en paquets et d'autres de front, un peu séparés, semblables à des tanks par leur lourdeur, leur mouvement noir, farouche et continu."

"Le mythe du dieu mort et ressuscité se promena sur ces eaux où, en des temps anciens, la nouvelle avait été criée que le grand Pan était mort.Mais lui même, le taureau dyonisiaque, celui qui,sur les monnaies de Marseille, frappe avec sa corne la terre pour la faire fleurir, n'était il pas le grand Pan ressuscité?"

Sauvage et païen comme une corrida que se livrerait à lui même un adolescent lors de son passage à l'age adulte. Est ce son orgueil,sa bravoure,sa frénésie,sa violence,son animalité,son éclat,sa fougue,sa colère, sa souffrance, qu'Alban offrira en sacrifice à Soledad, inaccessible déesse, comme dans la Rome antique chère à son coeur le dieu Mithra saisissait le taureau par les cornes puis l'offrait vaincu au soleil ?
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