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Critique de gerardmuller


Les Jeunes Filles /Henry de Montherlant de l'Académie Française/ (1895-1972)
de son nom complet Henry Marie Joseph Frédéric Expedite Million de Montherlant, l'auteur célèbre de ce premier tome d'une série de quatre romans met en scène un écrivain célèbre, Pierre Costals, qui dans les années 1925 connaît un grand succès littéraire, notamment auprès des femmes. Réputé, il reçoit un immense courrier féminin passionné, aussi bien de jeunes filles que de jeunes femmes plus très jeunes. L'une d'entre elle, Thérèse, est assidue et lui adresse des lettres enflammées avec un arrière goût de péché, dévote qu'elle est. Une autre lectrice, Andrée, la trentaine, est une intellectuelle qui souhaite rencontrer Costals à Paris où elle se rend de temps à autres. Costals répond rarement à toutes ces lettres et quand il le fait c'est pour exprimer son dédain de la gente féminine sinon sa misogynie, sauf si leur beauté l'emporte sur leur intelligence et qu'elles sont des filles faciles.
Ainsi Costals, personnage cynique, nous apparaît sous un jour inquiétant et nous est odieux, notamment lorsqu'il évoque les petites annonces matrimoniales, pour lui un rouage social de première importance, toutefois un peu ridicule souvent dans le libellé. Dans ses réponses au courrier d'admiratrices, il concède qu'il ne fait pas bon de l'aimer, car sitôt qu'il se rend compte que quelqu'une tient à lui, il est déconcerté et ennuyé et passe sur le mode défensif, car pour lui être aimé plus qu'on aime est une des croix de la vie, parce que cela contraint soit à feindre un sentiment de retour qu'on n'éprouve pas, soit à faire souffrir par sa froideur et ses rebuts. « Ma tête serait mise à prix, que je me sentirais plus en sécurité dans le maquis, comme une bête traquée que réfugié chez une femme qui m'aime d'amour. » Quant au mariage et tout ce qui l'entoure, pour Costals c'est sans conteste possible la pire des niaiseries dans la vie d'un être humain !
le cynisme provocateur de Costals atteint des sommets quand il ose écrire : « Les jeunes filles sont comme ces chiens abandonnés que vous ne pouvez regarder avec un peu de bienveillance sans qu'ils croient que vous les appelez, que vous allez les recueillir, et sans qu'ils vous mettent en frétillant les pattes sur le pantalon. » Ou encore : « Je n'ai jamais trouvé les deux ensemble chez une femme : intelligence et beauté… » Finalement, Costals garde toujours ses distances en amour, en versant tour à tour presque ensemble le poison et le remède, de façon assez savante pour que la femme ne soit ni tuée par le poison, ni guérie tout à fait par le remède avec pour effet dominant sa souffrance. Plus Costals se fait insaisissable plus ses admiratrices se prennent au piège de l'amour, se débattant dans les affres de l'incertitude.
Les moeurs de l'époque, 1925, était souvent ainsi établis que la jeune fille avait pour seul avenir que celui de son futur époux. Dans ce roman finalement Montherlant s'emploie à tourmenter sans plaisir et à dominer les âmes féminines, tout en compensant cette attitude par une paradoxale leçon de sacrifice devant la tentation de la tendresse et de l'installation dans le bonheur.
Un roman un peu dépassé d'un certain point de vue. Nous ne sommes plus en 1925…
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