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Critique de domi_troizarsouilles


J'ai acheté récemment en librairie « La dernière enquête du Bureau des Affaires extraordinaires », et c'est seulement après que j'ai découvert que ce livre clôture une série, nommée « Alchemia », dont il est le quatrième épisode ! Or, ceux qui me suivent (même si je n'ai pas été très régulière depuis plusieurs mois) le savent : je n'aime vraiment pas lire le livre d'une série si je n'ai pas d'abord lu les premiers tomes, et ce même quand l'éditeur (parfois même l'auteur !) prétend que ledit livre peut se lire indépendamment. Ici, rien de tel, il n'y a tout simplement aucune mention des tomes précédents, si ce n'est à l'intérieur du livre dans les premières pages de gauche – pas ce qu'on lit en priorité quand on déambule dans une librairie.
Las ! Faisons contre mauvaise fortune bon coeur, et lisons donc les épisodes qui précèdent ! C'est ainsi que je me suis retrouvée avec cette « Femme sans tête », qui ne figurait même pas dans ma (pourtant très longue) wish-list.

J'ai terminé ce premier opus il y a 2-3 jours (je n'ai hélas plus le temps de rédiger mes commentaires dans la foulée de mes lectures) et le sentiment qui persiste est plutôt positif, même s'il y a « à boire et à manger » dans cette histoire.
Tout commence en prologue par la fameuse nuit de la Saint-Barthélemy, où notre protagoniste féminine principale est encore enfant. Pas besoin de relater cet épisode historique trop connu ; en revanche, c'est bien la première fois que je lis que d'aucuns en auraient profité pour dénoncer, en marquant leur maison du signe qui désignait les demeures des huguenots, un voisin qu'ils n'aimaient pas, un ennemi quelconque dont on pouvait tout à coup se débarrasser tellement facilement… Pas tellement étonnant à vrai dire, d'autres épisodes historiques peu reluisants ont connu les mêmes travers, mais c'était presque surprenant de lire (et dès lors d'accepter) qu'un tel, vil comportement est aussi vieux que l'Histoire plus ancienne…

En tout cas, c'est ainsi la jeune Sybille, fille d'un médecin qui a choisi de soigner les pauvres plutôt que les puissants, se retrouve enfermée à demeure par ce père qui craint depuis lors pour elle, ayant deviné qu'il a un ennemi implacable, sans pouvoir l'identifier. Sybille n'est pour autant pas malheureuse : elle s'instruit aux côtés de son père et s'intéresse elle aussi à la médecine, à une époque où il est impensable qu'une femme aille à l'université, et partage ses recherches en alchimie. Il ne s'agit pas ici de transmuter un quelconque métal on or, mais plutôt de la recherche d'un élixir de vie universel, qui résoudrait tous les problèmes du monde… Une vision très improbable, en tout cas ce sont les aspects de la vie de Sybille qui m'ont le moins accrochée, j'ai même parfois survolé ces passages où l'autrice se laisse d'ailleurs aller à une espèce de rêverie poético-métaphysique, malheureusement peu convaincante, et qui ne sert pas à grand-chose pour l'avancée de l'enquête…
En parallèle, on suit l'histoire du jeune Jean de Moncel, jeune noble originaire de Normandie qui, grâce à des appuis (amis de son père) bien placés à la capitale et une autorité naturelle qui sort du chapeau, fait peu à peu son chemin en tant que commissaire de police, à cette époque qui n'est plus le Moyen-Âge, mais où tant de pratiques archaïques sont encore de mise, et certainement en matière d'enquêtes policières.

Ainsi, nos deux personnages principaux sont plutôt sympathiques et on sait que leur rencontre est inévitable. L'autrice a bien pris le temps de nous les présenter, d'explorer la vie de chacun avec un certain art, même si elle aurait indéniablement pu les étoffer davantage, leur donner une vraie consistance. Par exemple, j'ai du mal à comprendre comment une jeune fille de 16 ans, même à cette époque-là, mais par ailleurs vraisemblablement intelligente et désireuse de s'instruire au mépris des règles en vigueur, consent sans aucune difficulté à rester enfermée, une véritable assignation à domicile alors qu'elle n'a pas commis le moindre crimei Quant à Jean, je l'ai laissé entendre, son autorité naturelle est un peu trop superficielle, rien ne vient l'étayer – il aurait pourtant suffi d'un épisode passé dans sa vie avant Paris, par exemple, pour assoir son caractère ; ça n'aurait pris que quelques pages, qui auraient été plus intéressantes que les délires alchimiques du médecin…

Le vrai problème, finalement, c'est que, à partir du moment où les deux jeunes gens se rencontrent enfin, l'histoire s'emballe et tout est résolu en deux coups de cuillère à pot, comme si l'autrice avait été vraiment inspirée par les aspects humains préalables de la vie de ses personnages et par les aspects chimiques, sans pouvoir garder ce ton et cet intérêt dans ce qui aurait pourtant dû représenter le coeur de l'ouvrage ! Bref, on s'attache malgré tout, on attend la suite, on voit en même temps le nombre de pages diminuer sans que rien ne se passe de décisif, et puis paf tout à coup, tout est résolu. Ajoutons à cela que l'ennemi du père de Sybille, enfin dévoilé, s'il n'est pas tout à fait surprenant, donne quand même un peu l'impression de sortir du chapeau, comme dans ces policiers que je n'aime pas où les éléments cruciaux sont donnés tout à la fin, sans qu'il y ait eu jamais la moindre petite allusion dans les innombrables pages d'avant.

En conclusion, c'est un livre quelque peu inabouti mais prometteur, où les personnages sont réalistes même s'ils auraient pu gagner en profondeur, être mieux fouillés. Les références historiques sont tout à fait pertinentes, tandis que les passages sur l'alchimie (d'où le titre de la série) ne m'ont pas convaincue, et l'enquête a priori intéressante est résolue en eau de boudin. Je serai néanmoins contente de retrouver nos protagonistes dans l'opus suivant !
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