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Critique de StCyr


Ma lecture commença par un malentendu. Aracoeli était, dans mes souvenirs, la Basilique Santa Maria in Aracoeli, jouxtant et couronnant le Capitole, impressionnante par le volume de son espace intérieur. Néanmoins, l'action se déroule effectivement et principalement à Rome. Dans le livre qui nous intéresse c'est tout simplement le singulier prénom de la mère du narrateur, aucun rapport donc.

Manuel est un homme de la quarantaine, un peu paumé et qui, à la recherche de ses racines maternelles, s'embarque dans un voyage en l'Andalousie. Sa mère et son oncle étant morts depuis longtemps, on devine l'absurdité de sa quête qui n'en est pas moins légitime. Il se retrouve dans un village du bout du monde, pelé, qui pourrait être à la limite, dans son aridité, décor d'un improbable et quelconque western spaghetti. Cette errance mentale est l'occasion de réminiscences sur l'enfance du narrateur, dont les parents, installés originairement dans un quartier peu fréquentable, déménagent dans un immeuble "respectable". le petit Manuel est affligé d'une vue comparable à celle d'une taupe; il en a aussi la "grâce". Paradoxalement, c'est en fermant les yeux que le garçon pénètre dans un monde très coloré. L'enfant, dans une naïveté entretenu par une propension à l'onirique, se réfugie dans l'imaginaire. Son père est dans la marine et sa mère ne travaille pas, bardée d'une fierté et d'une morgue qui ne se justifie pas, comme si habiter dans la proximité de gens de conditions suffisait à la respectabilité.

La prose poétique confine à l'abstraction. On a toutes les peines du monde à rentrer dans l'univers d'Elsa Morante, de plus la typographie minuscule du Folio n'arrange rien. Mais un livre de cinq cents pages n'est pas une nouvelle, point d'accroche immédiate, il faut de la patience. Comme Sterne le dit quelque part dans son Tristram Shandy, tout est dans le contraste, c'est à dessein qu'il ménage des passages ennuyeux dans l'intention de rendre plus distrayant les épisodes loufoques. Les deux tiers ou la grande moitié du récit sont d'une lecture fastidieuse. Jamais il ne faut abandonner un livre, Aracoeli en est la meilleur des preuves. La mère du narrateur donne naissance à une fille qu'elle appelait de ses voeux, reléguant au second plan Manuel, dont la mère tolère à peine la présence, le papa étant souvent absent, ayant privilégier l'exercice de ses devoirs militaires. Cependant le nourrisson meurt après quelque jours. Commence alors un basculement dans l'esprit de la mère, le style change, le récit devient passionnant dans son extrême dureté. Manuel va subir des vexations, des violences psychologiques, des traumas d'une telle gravité, qu'on s'étonne qu'à l'âge adulte ce dernier, bien que marginal, n'ai pas sombré dans la folie. On devient pervers, psychopathe ou tueur en série pour moins que çà.

Vous l'aurez compris Aracoeli est un roman qui se mérite, qui découragera les moins aguerris, mais récompensera le lecteur patient et volontaire. C'est un roman dérangeant, éprouvant même.
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