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Critique de allard95


L'île de Procida, petit paradis proche de Capri et d'Ischia dans le golf de Naples, est le lieu de ce récit (Lamartine y avait planté également son charmant roman plus ou moins autobiographie "Graziella"). Ce huis clos compte pour beaucoup, et la vie d'Arturo, jeune adolescent laissé à lui-même au milieu de cette nature vierge, est faite de promenades, de découvertes, et aussi, fort heureusement pour un garçon dont le père ne se soucie même pas de l'envoyer à l'école, de livres: ceux-ci seront sa seule ouverture sur le monde, puisque jamais, il n'a pris la mer pour rejoindre la côte, et la vie agitée de Naples, qu'il ne peut qu'imaginer: il assiste tous les jours aux va-et-vient des bateaux et de leurs passagers, mais ne met jamais le pied à bord.
Le père d'Arturo, au contraire, voyage. Ses origines partiellement allemandes et non pas seulement italiennes justifient peut-être son besoin permanent de venir, et de repartir, pour des durées variables, incertaines, sans jamais aucun avis ou préavis, vers des destinations qu'Arturo ne connait pas, mais qu'il imagine lointaines et formidables.
Arturo ne cessera d'idéaliser son père, lui prêtant des qualités de héros imaginaire, qu'il ne justifie pourtant pas. Ce père ne cessera de le décevoir, par sa dureté, son absence de sensibilité dans quantités de domaines, son indifférence à sa vie, et ses cachotteries. Et aussi par sa goujateries vis-à-vis des femmes. Intelligent, Arturo se construira autour de ces absences et ces mystères, et fera preuve, dans ce contexte, tantôt de grande naïveté, tantôt de de réelle maturité.
Ce roman vaut par la maîtrise du récit, son auteure faisant preuve dans ce domaine d'un talent remarquable. Il y a de la poésie, de la gravité et de la légèreté: cette alternance apporte beaucoup à la force du texte.
Oeuvre plus complexe qu'il y parait, l'île d'Arturo est une pièce maîtresse de l'oeuvre d'Elsa Morante. Le paradis Procidien qui y est décrit voisine avec le drame possible: cet équilibre instable nous poursuit de la première à la dernière page, et nous laisse ensuite chargés d'un certain malaise. Mais Procida d'une part, et Arturo d'autre part, ont en eux-mêmes une telle luminosité, que l'on gardera de cette lecture un très joli souvenir.
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