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Critique de Baldrico


Il faut savoir prendre son temps !
Lire Mensonge et sortilège d'Elsa Morante est une excellente école pour cela.
Dans les années 1940, elle a produit son premier roman dans un style dont on n'usait plus alors. C'est un grand roman à la mode du 19e siècle, en apparence. Mais c'est aussi une histoire très personnelle, une histoire de passion dévorante et destructrice.
Il y a d'abord le plaisir de cette lecture. Elsa Morante installe posément les situations qui font la trame de son histoire. Pas de temps mort pour autant. le rythme est constant, mais ample. Pas de longues descriptions non plus. le roman est centré sur quelques personnages prisonniers de leur passion. Ce sont donc les personnages, les situations et les sentiments qui sont décrits sous tous les angles, dans leur progression lente et somptueuse.
C'est peu dire que les personnages de Mensonge et sortilège ne sont pas heureux, ils s'entêtent inexorablement dans leur malheur. On aurait envie de les détourner de leurs choix si désastreux, et puis l'on comprend qu'ils ne peuvent faire autrement que d'aller au bout de ce qu'ils sont. Et petit à petit l'on finit par les aimer pour cela, même dans leurs côtés apparemment les plus antipathiques.
L'histoire est obliquement inspirée de l'histoire compliquée de la famille d'Elsa. On y retrouve notamment l'incertitude sur sa paternité. Mais ce qui ressort plus que tout est la solitude de la narratrice, qui observe en silence ses proches courir à la catastrophe sans faire attention à elle, tout accaparés qu'ils sont par leur propre passion. Tragédie, amertume, mélancolie. À partir d'éléments de sa vie personnelle, Elsa Morante nous propose une plongée exceptionnelle dans l'âme humaine.
Avec ce roman, elle a fait une entrée fracassante dans la littérature italienne. Soixante-dix ans plus tard, dans notre monde d'immédiateté, il vaut la peine de s'arrêter et de goûter au lent plaisir d'une grande oeuvre.
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