Citations sur Cet inconnu à tes côtés (12)
J’allais poursuivre le FBI en justice. J’allais traîner Chapman et ses supérieurs devant les médias et les ridiculiser. J’allais montrer au monde ce que ces imbéciles avaient fait à ma famille. Je n’aurais de répit que quand justice serait faite.
Non seulement mon mari était vivant, mais c’était lui le héros de toute cette histoire. Il avait risqué sa vie pour sauver un ami. Il ne m’avait jamais trompée, ce n’était ni un voleur, ni un menteur. Je voulais désespérément le croire, mais il fallait d’abord que je le touche, que je le tienne dans mes bras, que je le regarde au fond des yeux avant de réussir à croire un seul mot de ce qu’elle m’avait dit.
Descends de ton petit nuage. C’est ça le monde réel, et il faudra qu’on fasse tout ce qu’on peut pour survivre. Tu as intérêt à te mettre ça dans ta jolie petite tête, et tout de suite.
Mon univers s’effondra. C’était la photo d’un homme et d’une femme en train de s’embrasser dans une rue. L’homme était mon mari, mais cette femme, ce n’était pas moi. J’arrêtai de respirer. Tout ce en quoi j’avais cru jusque-là se brisa sous mes yeux. Tout ce que je tenais pour une incontestable vérité avait tout simplement volé en éclats. J’avais toujours vu le monde en noir et blanc, mais maintenant il n’y avait plus que du gris. Un gris profond, dense, impénétrable, au milieu duquel je me retrouvais perdue.
Il arrive parfois qu’on entende des mots que le cerveau est incapable de traiter. C’est comme un coup de poing qui vous frappe à l’improviste. Le coup arrive si vite et si fort que vous n’avez pas le temps de réagir, il vous coupe le souffle et vous laisse sonné. Vous chancelez parce que les mots du message vous ont fait perdre l’équilibre, vous savez que vous allez tomber et que personne n’est là pour vous rattraper.
J’aime aussi l’idée que je suis utile, que je rends à la société ce qu’elle m’a donné, que j’aide à éduquer la génération suivante. Mais aussi, à mes cent ans, je ne veux pas regarder en arrière et constater que j’aurai dépensé mon énergie et passé la majeure partie de mon temps à faire la lessive, la cuisine, les courses… Et puis j’aime les gosses, j’aime les voir apprendre. Je vis pour ces moments où je vois s’allumer les petites lampes qui m’indiquent que quelque chose a pénétré leur cervelle, qu’ils ont compris. C’est une chose qui n’a pas de prix.
Comme je l’ai dit, le 911 est le meilleur ami des femmes, mais je résistai à la tentation d’appeler la police, parce qu’il faut l’avouer, j’avais les nerfs à bout. Je fonctionnais à l’adrénaline, j’étais surexcitée par la fatigue, et le stress me causait des étourdissements. Il était très possible que les bruits que j’avais entendus ne soient que le fruit d’une imagination en proie à la paranoïa.
Ce n’était pas un petit baiser sur la joue. Non, c’était un instantané de deux amants partageant un moment d’abandon, totalement ignorants de l’objectif photographique qui rôdait dans les parages.
Surtout, je me souviens de cette petite boîte de chez Tiffany qu’il avait sortie et ouverte, là, devant mes yeux, de l’éclat de la bague en diamants. Je dois avouer que tout ce qui s’est passé pendant les quelques minutes suivantes est un peu flou. Je me rappelle vaguement qu’il m’a demandé de l’épouser, et que j’ai dit oui. J’avais les jambes en coton quand nous revînmes chez lui à pied, main dans la main, en traversant le centre de la ville. J’avais l’impression d’être la femme la plus heureuse du monde, et ce sentiment ne m’a jamais quittée.
Comme je voulais garder la trace des dégâts, je me mis à prendre des photos de tout, dans toutes les pièces. Mes larmes coulaient et le flash se déclenchait. Comme il y avait beaucoup de place dans la carte mémoire de l’appareil, j’appuyais sur le petit bouton argenté comme une possédée, prenant des centaines de photos sans pouvoir m’arrêter. Je voulais que les têtes tombent, que personne ne puisse nier ce qui s’était passé.