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Critique de Ellane92


Wahhch Debch, canadien d'origine libanaise, découvre sa femme enceinte assassinée, atrocement torturée. Poussé par une nécessité intérieure qu'il ne comprend pas forcément, il décide de partir à la recherche du tueur. Les premières pistes l'emmènent dans une réserve indienne dans laquelle les autorités n'ont pas droit de cité. Mais plus qu'une chasse à l'homme, c'est une plongée dans sa propre histoire qui attend Wahhch.


C'est un roman étrange que signe le Québécois d'origine libanaise Wajdi Mouawad ! le trait le plus étrange, et le plus significatif, est bien sûr que l'histoire nous est racontée au travers du regard d'animaux, grosses et petites bêtes, qui croisent la route de notre héros, qui cherche au fond la vérité de sa propre histoire. Seule la quatrième et dernière partie, qui est également la plus courte, nous est contée par un "homo sapiens sapiens" (bien que, dans le roman, la plupart de ceux qui se tiennent sur deux pattes ne méritent pas vraiment le qualificatif de "sage" !!). La violence dans Anima est omniprésente, les actes des hommes sont souvent insoutenables. C'est le regard animal qui donne au lecteur le détachement suffisant pour avancer dans l'histoire. Si les animaux suivent Wahhch, c'est parce qu'ils reconnaissent en lui une part d'eux-mêmes ; certains l'aideront, d'autres seront aidés, d'autres enfin retourneront simplement à l'activité qui est celle de leur race. Ce qui est étrange également dans ce roman, qui saute aux yeux, c'est que l'humanité et la bestialité ne sont pas souvent du côté où on pourrait/devrait les attendre.

S'il faut un peu de temps pour s'habituer aux changements de perspectives liés à la gente animale qui prend parole lors du chapitre (ne maitrisant pas les noms latins, j'ai eu le plaisir de découvrir dans le texte à quelle espèce appartenait le narrateur d'un temps), le livre devient vite difficile à lâcher : envoutant, hypnotisant, repoussant, à la limite du supportable parfois, on s'acharne à suivre notre héros malmené dont on ne fait que deviner les états d'âmes et les raisons qui le poussent à suivre sa quête. Nous, nous poursuivons, dans l'espoir d'un peu de lumière, d'un peu de paix, d'un moment de rédemption, pour lui, pour l'humanité qu'il décrit. Mais Anima est résolument un roman noir d'une très grande force, et le mieux que son auteur semble proposer, c'est regarder en face ce que l'on est, être en accord avec soi-même (quel qu'en soit le prix!), et croiser la route d'un Mason Dixon Line.

Anima est une très belle découverte, noire, envoutante et originale. A réserver aux "âmes insensibles" !
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