AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de plungh


"J'étais confiné à l'intérieur de quelque chose dont la seule fenêtre était cette surface que j'appelais "mon visage" et qu'au lieu de le contempler, je ferais mieux de contempler le monde". Faisant référence à une situation antérieure au confinement, cette citation de "Parole tenue" indique bien l'état d'esprit de Wajdi Mouawad dans ce journal du confinement qui est loin de l'exercice nombriliste et autocentré. S'il nous parle avec force et intensité de ses propres expériences et des sentiments vécus pendant le confinement, c'est pour ouvrir sur une réflexion ample qui nous concerne tous : l'amitié quand on ne peut plus voir ses amis, l'exil intérieur que déclenche ce confinement et qui renvoie à d'autres formes d'exils, notre identité qui avec la pandémie se détache encore plus de nos origines... Un jour il se cogne dans une vitre qu'il n'a pas vue et cet incident suscite en lui une réflexion profonde sur nos points aveugles, sur ce qui est mais que nous ne voyons pas, sur le risque d'une absence de clairvoyance qui nous guette tous à force de regarder le monde avec les mêmes lunettes et de ne pas l'observer depuis l'intérieur.
Wajdi Mouawad exprime plusieurs fois ses doutes sur la capacité de l'épreuve à nous transformer car notre monde est englué dans le confort matériel et le repli sur la sphère privé car "nous sommes en manque de ce en quoi nous ne croyons plus".
Ce texte, d'une très grande exigence intellectuelle et d'une très grande hauteur morale est de mon point de vue le grand livre de la pandémie.
Commenter  J’apprécie          10







{* *}