Citations sur La vie des autres (14)
Le matin vers six heures, le zoo commence à se sortir d'un bref sommeil. Allongée sur le lit yeux grands ouverts, Purnima entend la vie qui s'agite, chaque animal, chaque membre de chaque animal s'anime lentement, un à un. Sous la moustiquaire l'humide septembre va se figer en une touffeur accablante qui ne saurait tarder.
« On assistait en silence à la destruction progressive de la Charu Paper, destruction dont son grand-père, son père et ses oncles se rejetaient la responsabilité. Lui, il n’avait connu que cette dégringolade, cette glissade inexorable, année après année, leurs vies devenant de plus en plus étriquées, l’amertume s’accroissant dans la famille : plus ils étaient forcés d’économiser, plus ils se méfiaient les uns des autres. » (p. 270)
« Je te porte en moi, tu es une présence constante, je ne vais pas te demander de tes nouvelles – j’ai tout le temps l’impression de te parler intérieurement. » (p. 265)
« Donc l’unique façon de vivre, c’est de s’attaquer à cette immense absurdité. » (p. 114)
« Tagore semble s’être gravé en chaque Bengali, sans distinction de classe ni d’origine sociale, comme une maladie héréditaire, inconsciente, sournoise, qui finit toujours par se manifester au moment le plus improbable. » (p. 118)
Je veux te raconter en détail ce qui s'est passé, et ce qui se passe encore. Quand tu entendras d'autres voix en discuter après coup, toutes avec leurs ombres et leurs demi-vérités, leurs mensonges et leurs inventions, tu pourras relire ces pages en sachant que toi, et toi seule, connais la vérité. C'est tout ce que je peux t'offrir. Une fois que tu auras lu ça, brûle-le. En aucun cas ces fragments de lettres ou de récits ne doivent être trouvés sur toi, ni à la maison. Tu vas bientôt comprendre pourquoi.
Quand elle était petite, Chhaya avait l'habitude de montrer sur la terrasse après le déjeuner et d'y passer de longs moments, ce qui était curieux compte tenu des étés interminables et de la chaleur qui faisait tout fondre, même le goudron de la route.
J'ai quitté la ville pour aller travailler avec des paysans sans terre, des métayers, des ouvriers agricoles et des malheureux qui étaient l'épine dorsale de notre mouvement. Mon travail consistait à aller dans les villages et à la organiser pour la lutte armée.
C'était le seul moyen de prendre le pouvoir : un champ, un village, un district à la fois.
Une chose qui relève de la nature humaine et que je n'ai jamais réussi à comprendre : pourquoi des mots tels "suffisants" ou "assez" n'ont aucun sens, aucun attrait pour nous ? l’appât du gain nous ravage.
« Ça ne te gêne pas, toi, les inégalités au sein de notre famille ? Et cette hiérarchie entre ceux d’en haut et ceux d’en bas ? Tu penses que c’est juste ? Et que la famille est le premier noyau d’exploitation des masses, ça ne t’a jamais traversé l’esprit ? » (p. 93)