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Critique de Lune


L'eugénisme et ses dérives.

Himmler lance, dès 1935, l'idée d'une race pure et germanisable qui sera développée dans des maternités (il y en aura aussi en France et en Belgique).

Le Heinhockland (Bavière) dans lequel nous pénétrons par la plume de Caroline de Mulder dévoile tous les mécanismes de cette idéologie.
Chaque personnage évoqué est représentatif des conséquences de cette guerre destructrice jusqu'à l'impensable, le difficilement supportable, l'inimaginable que l'on n'arrête pas de découvrir.

Helga, l'infirmière en proie aux questionnements rapidement engloutis par son embrigadement.
Doutes, malaise, abandon à l'Ordre.
Renée, la française tondue, rejetée, en attente de la naissance du fruit d'un amour allemand qui n'a que faire d'elle.
Marek, passé par Dachau et réduit à une condition animale, travaillant à la constructions des bâtiments devant accueillir des enfants : le degré zéro de la vie.

Des futures mères, des "infirmières", un docteur dirigeant, des bébés, des très petits, des convictions, des regards différents selon l'origine de la mère (étrangères, filles mères, etc...), des règlements organisant la vie quotidienne et les soins aux enfants.

Des non-dits, des pensées détournées vers le pire, des pensées uniques non habitées personnellement et le danger qui en découle.
Un but : la pureté de la race et sa construction forcée, la création d'un nouvel être, "l'élevage" de futurs seigneurs de guerre.
Des enfants "triés", examinés sous tous les aspects possibles (les mères aussi), des grilles tueuses : le tri amenant l'exclusion et/ou la mort précédée parfois par d'atroces souffrances dues aux expérimentations médicales.

Et puis l'arrivée des Américains, la délivrance et l'anéantissement. La douleur qui n'en finit pas.

L'auteure nous offre cependant une fin plus humaine avec Marek qui laisse s'entrevoir l'espérance d'une humanité plus digne de ce nom mais, que de chemins encore à accomplir avec le poids de ce qui fut vécu.

Caroline de Mulder, par une écriture "scalpel", précise, sans fioritures, qui fait exister êtres et lieux, remue en nous émotions, larmes, révolte, nausées, apitoiement, tendresse douloureuse.
Un roman qui raconte une réalité sans nom où l'humain est englouti sous une idéologie abjecte.

Dire est nécessaire, ne pas oublier, rester vigilants, voilà les leçons à tirer de ce livre coup de poing et magistralement bien écrit.


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