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Critique de jostein


Dans ce recueil de dix nouvelles, Alice Munro met en scène des femmes, mères, jeunes filles ou épouses. Dans chacune, un drame se cache : infanticides, meurtres, accident, maladies, séparations. Mais l'auteur possède un art particulier de ne pas s'attarder sur l'évènement dramatique mais d'en détourner la blessure en décochant finalement une issue étrange, inattendue.Ainsi, dans la première nouvelle, Dimensions, Doree qui change d'identité suite au meurtre de ses trois enfants par son mari, perçoit un chemin, une compréhension lors d'un accident de voiture dont elle est témoin.
Ou dans Radicaux libres, Nita, veuve, fait entrer par mégarde un assassin chez elle. Au lieu de céder à la panique, l'auteur décrit une rencontre autour d'un thé qui dévoilera de sombres secrets.
" Dans la vie il y a peu d'endroits et parfois peut-être un unique endroit, où il s'est passé quelque chose, et puis il y a tous les autres."
L'auteur, dans chaque nouvelle, dans chaque vie de femme, tente de trouver cet endroit, ce moment où il s'est passé la chose importante qui mène au destin.
Certaines nouvelles rappellent des souvenirs d'enfance très marquants comme un accident qui met en évidence le rejet d'un père, une tâche de naissance qui défigure mais suscite une amitié irraisonnée, une expérience qui dévoile le corps et l'âme, une coalition deux adolescentes face à une jeune handicapée.
Les sentiments les plus refoulés remontent à la surface lorsque le personnage vieillit ou approche de la mort. Des plus simples comme le questionnement de l'enfant de la maîtresse du mari au plus grave comme le meurtre.
Dans la dernière nouvelle, Trop de bonheur, l'auteur raconte un étrange voyage de Sofia Kovalevskaïa, une célèbre mathématicienne russe. Sofia contracte un mariage blanc avec Vladimir Kovalevski afin de pouvoir partir étudier en Europe. C'est une nouvelle très riche et intéressante qui dépeint le milieu difficile pour les femmes érudites, la vie de sa soeur Anna, aimée de Dostoïevski mais qui épousera un communard. Par un étrange destin, Sofia rencontre un médecin dans un train qui la ramène chez elle, il devinera sa mort prochaine et lui fera faire un détour pour éviter une épidémie fictive. La vie de Sofia mérite sans aucun doute un récit plus complet (et si possible chronologique) et si un tel roman existe, je suis prête à le lire de suite.
Ces nouvelles sont intéressantes car elles sont centrées sur des femmes simples et exceptionnelles à la fois. Elles sont surprenantes car l'histoire est au départ prenante grâce au don de narration de l'auteur puis la fin étonne par cet étrange détournement. Cette manière de faire m'a quelque peu déroutée, me laissant souvent frustrée par le dénouement. Mais, Alice Munro nouvelliste célèbre maîtrise ainsi cet art d'intéresser, d'étonner et de faire réfléchir en peu de pages.
Trop de bonheur, je ne l'ai pas vraiment ressenti dans ces nouvelles tout de même assez sombres, même si finalement, l'auteur parvient à finir chaque fois sur une note d'espoir.
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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