AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Meps


Un peu déçu par les deux premiers tomes que je trouvais survendu par rapport à mes précédentes lectures de Murakami (Kafka sur le rivage et La ballade de l'impossible ) j'ai mis du temps avant de m'attaquer à ce livre 3. Ce temps me semble salutaire puisque j'ai pu mieux apprécier ce dernier opus et comprendre justement l'importance accordée au temps dans cette trilogie.

Ce livre est particulièrement celui de l'attente que ce soit pour les 3 narrateurs mais aussi pour le lecteur. Un peu comme depuis le début de la trilogie, Murakami plonge son lecteur dans une attente et une espérance de ce qui va survenir. J'ai enfin compris le sens de ces lancinantes répétitions des faits survenus auparavant dans l'histoire. Outre l'intérêt de faciliter le suivi pour une trilogie quand même bien longue, ces redites contribuent au rythme très (trop) lent du récit. le message qui me semble transparaître du roman est que l'attente contient en elle-même un certain plaisir, notamment dans les relations sentimentales , comme le confirme la célèbre phrase de Clemenceau " le meilleur moment dans l'amour, c'est quand on monte l'escalier". Les sentiments d'Aomame et Tengo sont d'autant plus forts quand ils ne parviennent pas tout de suite à se retrouver.

Malgré tout, pour le lecteur, la lassitude le gagne parfois, et la récompense attendue ne peut évidemment être aussi forte que pour les protagonistes fictifs. On enrage ainsi également un peu de ne pas connaître assez de détails sur ces Little People et leurs modes de fonctionnement. Mais c'est vouloir faire de Murakami un auteur de science-fiction qui pourrait nous décrire précisément ce monde parallèle alors qu'il me semble plus judicieux de le rapprocher d'un Garcia Marquez et de son réalisme magique. On sent que la frontière entre réel et magique est ténue et il ne faut pas chercher à tout comprendre.

L'intérêt reside également dans la construction à 3 narrateurs, où la chronologie s'entremêle et où le lecteur s'inquiète parce qu'il ne sait plus où ni quand il se trouve. L'introduction d'Ushikawa comme narrateur dans ce troisième livre renforce l'intérêt de l'exercice puisqu'il s'oppose aux deux autres tout en leur ressemblant totalement par sa personnalité en marge de la société. Les liens de plus en plus clair entre l'enfance des personnages et la construction mentale à laquelle leur histoire aura aboutie sont également très interessants à observer.

Il reste un goût de déception et une hypothèse: que la forme trop longue de la trilogie ne soit pas propice au maintien de l'atmosphère poétique que Murakami avait mieux réussi pour moi à installer dans mes précédentes lectures.
Commenter  J’apprécie          331



Ont apprécié cette critique (33)voir plus




{* *}