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Critique de Garoupe


New-York. Années 20. L'Algonquin. Des écrivains, artistes, poètes, journalistes qui s'y réunissent pour manger et causer. le salon littéraire à l'américaine, quoi ! Un quotidien bien agencé bouleversé par la concomitance de l'arrivée de William Faulkner et la découverte du corps inanimé d'un critique assassiné à coup de stylo plume, tout un symbole.

Murphy se fiche un peu de savoir qui a commis le crime : est-ce un des membres du cercle de l'Algonquin, jaloux ou irrité d'une mauvaise critique ? est-ce l'homme qu'a aperçu William Faulkner dans l'hôtel et qui n'a de cesse de le retrouver avec Dorothy Parker qui a pris Faulkner sous son aile ? Et nous aussi, on s'en fiche en fait. On se passionne beaucoup plus pour les joutes verbales de tous les protagonistes entre eux. le tout agrémenté de quelques saillies sur le métier d'écrivain…

« Ca ressemble à ce que Benchley peut dire, corrigea Sherwood, mais pas à ce qu'il écrit. Et encore moins à ce qu'il publie. »

Le fait de savoir qui a tué le chroniqueur trouvé sous la table de l'Algonquin n'est qu'un prétexte utilisé par l'auteur pour se plonger dans le milieu artistique des années 20, alors beaucoup moins segmenté qu'aujourd'hui. Les écrivains se mélangeaient volontiers aux peintres, aux musiciens, aux chroniqueurs, alliant parfois la création à leur esprit critique, aux poètes,… et aux sportifs dont le métier était encore à l'époque vu comme un art plus que comme un métier, tout un symbole.

Dorothy Parker et ses acolytes dont assaut de bons mots et de réparties, plus ou moins fines, où le plus important n'est pas tant de lancer des peaux de bananes ou des vannes en direction de ses amis/connaissances/ennemis (les lignes de départage étant aussi fines que les parois d'une maison japonaise) que de le faire avec à-propos, esprit, subtilité, finesse, intelligence et humour.

Le statut de l'artiste dans les années folles est celui d'un être au-dessus des contingences matérielles, Dorothy Parker bénéficiant d'une chambre à l'oeil ou presque à l'Algonquin, de boisson gratuites dans un des nombreux bars qu'elle fréquente : la compagnie des artistes est alors recherchée parce qu'elle apporte noblesse et renommée à celui qui peut l'afficher (sans s'en vanter ouvertement, cela serait vulgaire).

La Prohibition permet à l'auteur de nous faire bénéficier de quelques scènes ubuesques et drôles pimentées par les réparties saillantes des protagonistes.

Roman plus d'atmosphère que véritable polar, plus drôle que « haletant », ce « cercle des plumes assassines » porte bien son nom, un bon mot, une répartie bien sentie sont plus mortelles que les pires coups de poing et consiste en un excellent divertissement entre deux romans plus sombres. Il est à l'image de l'époque qu'il dépeint : insouciante après les efforts de la guerre, à la recherche constante d'une légèreté que la Prohibition tente vainement de contrecarrer.

Un très bon moment, distrayant et drôle ! Vivement la suite…

Lien : http://wp.me/p2X8E2-r2
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