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Critique de bobfutur


Parce qu'il faut sans cesse rappeler l'importance dans la pensée contemporaine européenne de Robert Musil — son « Homme sans qualités », placé avec « Ulysse », au panthéon de ces livres célèbres que personne n'a lu jusqu'au bout (coucou Suz') — ce petit livre Allia, reproduction d'un discours tenu en 1937 devant le Deutscher Werkbund, association intellectuelle et artistique, en est le meilleur pense-bête.

Considéré par l'auteur comme un texte d'une importance comparable à son chef-d'oeuvre inachevé, il se propose d'avancer un début de réflexion sur comment définir la bêtise de manière universelle et non relative… Vaste entreprise dont il commence par reconnaitre très modestement le caractère auto-destructeur d'une telle pensée, l'adage de l'éternel « con de quelqu'un d'autre » comme première barrière à escalader, la certitude de l'existence d'une forme de Vérité seule à même d'y aider.

Il défriche le sujet, car finalement assez seul à s'y risquer, avec cet esprit brillant et pragmatique, héritage possible de sa formation d'ingénieur, en distinguant deux grands types de bêtise : celle par ignorance, liée par le paradigme de la pomme de la connaissance et d'une forme d'état de nature, et celle, plus dangereuse selon ses dires car plus élaborée, qui s'affranchit de ce qu'il nomme « le significatif », grâce à la grande palette des émotions et affects humains.

Le sujet est bien-sûr tellement vaste qu'il se contente d'en circonscrire les termes du débats, comme une introduction à un travail beaucoup plus grand, avec un réel esprit de synthèse, évoquant au passage le paradoxe du jugement objectif en art, l'opposition pas toujours de mise entre nature et culture, et donnant même un remède efficace à cette bêtise : la modestie…
En sous-main, il sanctifie une forme de pensée holistique face à toute radicalité (au sens de celle qui n'écoute pas) pour s'éloigner de cette redoutable maladie, qui touche absolument tout le monde, lui le premier, donnant expression à cet humour discret qu'on retrouve dans son oeuvre, respiration obligatoire d'un discours bien structuré.

Une lecture évidente et d'une grande transparence, reflet d'un grand esprit, tel un portatif de la sagesse.
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