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Critique de Flaubauski


Qu'il est bien compliqué de donner son avis sur ce roman, qui a été une lecture pour moi fort éprouvante, comme pour beaucoup je pense. En effet, Nabokov a choisi de nous faire pénétrer sans filtre dans l'esprit tortueux, sordide, monstrueux... d'Humbert Humbert, quadragénaire attiré par celles qu'il appelle les "nymphettes", des préadolescentes dont l'âge idéal se situe pour lui vers douze ans.

De sa prison, il raconte, par l'intermédiaire d'un carnet, de plus en plus halluciné - j'avoue avoir commencé à décrocher dans les cinquante dernières pages à peu près - son histoire, de sa première attirance pour une nymphette, jusqu'à sa déchéance, en passant par sa rencontre avec Charlotte Haze, chez qui il va loger, et sa fille Dolores, devenant très vite Lolita, sa nymphette. Par un enchaînement de situations toutes plus glauques les unes que les autres, Humbert va devenir le "tuteur" de Dolores, et, très vite, son "amant", le couple parcourant dans une échappée folle les États-Unis en l'espace d'un temps éclair.

Enfin, il va plutôt devenir le prédateur pédophile de la préadolescente qui va prendre conscience, au fil de son récit, que ce qu'il considérait comme des avances de la part de Lolita pour l'attirer sexuellement n'en étaient pas du tout. En effet, du récit idyllique d'un amour aux airs romanesques décrit dans la première moitié du roman, qui laisse supposer une forme de consentement de Lolita, vraiment écoeurant - j'ai dû faire une pause de plusieurs jours avant de daigner reprendre le roman -, l'on passe à l'envers du décor, à la réalité de la situation d'une enfant qui subit les viols et violences répétés d'un homme censé la protéger en devenant son tuteur, et profitant finalement de la situation, et dont cet homme finit par avoir, pleinement conscience, sans pour autant s'en excuser ou s'en sentir coupable. Et c'est ainsi, seulement ainsi, que l'on peut expliquer le dénouement - je n'en dirai pas plus à ce sujet pour les lecteurs potentiels -.

C'est finalement toute la réussite de ce roman : il est une condamnation, pure et simple, de la perversité d'Humbert Humbert, faite avec une grande subtilité, qui se lit vraiment entre les lignes - le vocabulaire choisi, les tournures de phrase, même si ce sont des traductions, y font pour beaucoup - mais une condamnation quand même. A mon sens, il ne fait pas que décrire l'indescriptible, nommer l'innommable, il le juge, dans cette bascule progressive qui se fait, dans l'esprit même du bourreau, au sujet de sa victime, qu'il reconnaît, enfin, comme étant une victime, ce qui le rend encore plus monstrueux et cynique.

Alors, non, personnellement, je n'ai pas pu trouver la moindre chose touchante, attachante, humaine, chez Humbert Humbert, ou encore dans sa relation avec Lolita, plus encore peut-être parce que j'enseigne à des préados et des ados, et que certains de ces préados ou de ces ados ont justement été victimes de ces "pauvres" hommes "malades". Mais quel roman, narrativement et stylistiquement parlant, qui m'a franchement secouée !
Lien : https://www.aubonheurdesmots..
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