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Critique de Haleah


Haleah
20 décembre 2014
Lolita.
Un prénom en guise de titre de livre, comme une ode, un hommage. Étrange et présomptueux, que d'accorder cette faveur à une fillette de passage dans la vie de Humbert, narrateur et « héros » de l'histoire, mais c'est pourtant ce qu'a choisi Vladimir Nabokov. Car quoi de plus normal de célébrer le nom de l'être aimé, de pouvoir le répéter et l'écrire à l'infini. « Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. » Ainsi débute ce roman, nous éclairant en une phrase.

Lolita de Nabokov. Oui, il s'agit bien de ce livre qui a subi la censure, qui a été placé au centre de scandales et qui a soulevé multitude de débats houleux et controversés. Oui, il est question de pédophilie. Maintenant, oublions ce point un instant et concentrons-nous sur le récit.

Humbert se voit être quitter par son épouse pour un autre homme, et quitte alors quant à lui l'Europe pour l'Amérique. Doté d'une solide culture et d'un physique d'apollon, Humbert n'est pas un homme difficile à aimer. Par un concours de circonstances hasardeuses, il est logé le temps d'une nuit chez une parfaite inconnue. Une inconnue cruche et potiche qui plus est. Rien ne retient Humbert a s'éterniser dans cette affreuse petite maison. C'est ce qu'il pense avant de découvrir Dolorès Haze, la fille de sa logeuse.

Et c'est à ce moment exact que le drame se joue. Car Humbert cache un lourd et sombre secret. Il aime, adore, idolâtre les nymphettes. C'est ainsi qu'il nomme les petites filles âgées de neuf à quatorze ans, et ne possédant pas forcément une certaine beauté mais plutôt une « grâce fatale », un « charme insaisissable ». Les nymphettes sont des êtres diaboliques qui ignorent parfaitement l'attraction qu'elles exercent sur ces pauvres hommes (dont fait parti notre « héros »), et restent inconscientes du « fantastique pouvoir » qu'elles détiennent. Pendant de longues années, Humbert a admiré, contemplé, espionné des nymphettes mais jamais il n'en a touché aucune. Jamais jusqu'à ce jour, jusqu'à sa rencontre avec Dolorès, alias Dolly, Lo, Lola, Lolita. Elle se trouve être l'exact copie de son amour de jeunesse, trop vite perdu. Non, Lolita est encore mieux.

À partir de cet instant, Humbert trace la suite des événements, planifie les diverses mesures à prendre afin de faire de Lolita, sa Lolita et de la garder à tout jamais. Ce livre est l'histoire d'une grande et réelle passion amoureuse, ardente et destructrice, qui vire peu à peu à l'obsession et à la jalousie, voire même à la paranoïa. On est spectateur, à travers ces pages, des méandres de la pensée d'Humbert, et de ses souffrances. C'est un homme qui souffre d'être ce qu'il est, de vouloir agir contre la bienséance, contre la loi, contre autrui. Et l'on ne sait plus si il faut le condamner ou le plaindre.

Lolita est un récit sulfureux, chargé de désir et de sensualité, retraçant les quelques années de la vie d'un homme éperdu et malmené par son amour vertigineux et implacable pour une fillette. Grand roman du XX ème siècle, Lolita a marqué les esprits et inspiré par la suite de nombreuses chansons, personnages et phénomènes. En ouvrant ce livre, on ne peut être que sceptique, à sa lecture on est dérangé, et pourtant en le refermant, on en sort fasciné et séduit. Devrais-je dire « je » ?

[Critique écrite le : 20/12/2014. Challenge Pavés.]
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