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Savitri est une épouse modèle qui élève ses trois enfants et est au service de son mari, Ramani. Un mari dont le job d'assureur offre un confortable niveau de vie à la famille mais qui est aussi un caractériel lunatique difficile à supporter au quotidien. Après quinze années de vie conjugale, elle regrette de ne pas s'être affirmée dès le départ, de ne pas avoir pris la direction du ménage pour mener son époux à la baguette, comme a su le faire son amie Gangu. Au lieu de cela, elle subit chaque jour les affronts sans broncher. Mais lorsqu'elle découvre la liaison que monsieur entretient avec l'une de ses employés, elle décide de quitter le foyer pour s'assumer pleinement.

Un roman indien de 1938 qui navigue entre comédie de moeurs et chronique familiale. le ton est faussement léger et les rêves d'émancipation de Savitri résonnent de manière touchante. Cette femme qui se révolte en vain, prisonnière de traditions séculaires sur lesquelles elle n'a aucune prise, devra se rendre à l'évidence : impossible d'échapper à sa condition dans la bourgeoisie indienne des années 30.


La façon dont elle est traitée par son mari l'insupporte et elle ne se prive pas de lui faire remarquer : « Je suis un être humain. Vous autres hommes, vous ne l'admettrez jamais. Pour vous, nous ne sommes que des jouets quand vous êtes d'humeur à caresser, et des esclaves le reste du temps. Ne croyez pas que vous pouvez nous cajoler quand ça vous chante et nous donner des coups de pied selon votre bon plaisir ». Mais quelques pages plus loin, l'évidence la rattrape : « Que puis-je faire par moi-même ? Je ne suis pas capable de gagner une poignée de riz, si ce n'est en mendiant. Si j'étais allée au collège, si j'avais étudié, j'aurais pu devenir institutrice par exemple. J'ai été stupide de ne pas poursuivre mes études. […] Quelle différence y-a-t-il entre une prostituée et une femme mariée ? La prostitué change d'hommes, une femme mariée n'en change pas, mais c'est tout, toutes les deux sont entretenues de la même façon. »


Pour Ramani, il y a bien moins de questions à se poser : « Il admettait, bien sûr, que le Mouvement des femmes n'était pas complètement absurde : il n'y avait pas de raison de les empêcher de lire des romans anglais, de jouer au tennis, d'organiser des conférences nationales et d'aller de temps en temps au cinéma ; mais cela ne devait pas leur faire oublier leurs devoirs primordiaux d'épouses et de mère ; il ne fallait pas qu'elles essaient de singer les femmes occidentales, qui, toutes, vivaient dans un déferlement de libertinage et de divorces. Pour lui, l'Inde devait sa prééminence spirituelle au fait que les gens comprenaient que le premier devoir d'une femme était d'être épouse et mère, mais quelle femme gardait le droit d'être considérée comme une épouse, si elle désobéissait à son mari ? ».


Un très joli portrait de femme, tout en délicatesse. Seule la conclusion, bien trop abrupte, m'a laissé sur ma faim. Il faut dire que j'aurais aimé passer davantage de temps encore avec l'indomptable Savitri.

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Voici un parfait exemple d'un livre imparfait qui m'a pourtant comblé. Certes, le récit est un peu court, de nombreux passages ou personnages auraient pu être développés. Par exemple, les deux amies sont un peu des personnages en « carton-pâte » et les dernières pages sont abruptes. Narayan est avare en description pour tous ceux qui en raffolent.
Néanmoins, avec moi, ce livre fonctionne car je considère que le lecteur doit être actif. Si l'auteur doit le prendre par la main, qu'il le laisse aussi gambader à sa guise ! Peu importe que la fin d'un livre ne soit pas claire, c'est au lecteur d'imaginer la sienne. le personnage de Savitri, cette dame qui décide de fuir un mari horripilant, n'appartient plus à l'auteur. J'ai ressenti cela lors de l'écriture de mon deuxième livre. Je pense que Narayan a donné le meilleur de lui pour laisser le lecteur prendre possession de Savitri.
La prouesse de ce livre, publié en 1938, est de paraître contemporain. Dans la chambre obscure n'a pas mal vieilli. Il est très difficile de faire simple et Narayan donne une leçon à tous les styles prétentieux. Narayan fustige la condition des femmes en Inde, des phrases sorties de son contexte pourraient choquer :
Quelle différence y-a-t-il entre une prostituée et une femme mariée? La prostituée change d'hommes, la femme mariée n'en change pas, mais c'est tout, toutes les deux sont entretenues de la même façon.

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Docile et soumise, Savitri élève ses enfants sous le joug de son mari Ramani. Elle ne travaille pas et son seul loisir est de donner des ordres à ses domestiques, de veiller à la bonne marche du domicile familial : cuisiner, coudre et récurer. Lorsqu'elle se dispute violemment avec son mari, elle se réfugie hagard dans la chambre obscure et y reste jusqu'à ce que sa bonne humeur revienne. Mais un jour elle devine que son mari voit une autre femme et de là son monde s'écroule, elle part après une énième et violente dispute et délaisse ses enfants, son foyer, son mari... pour se retrouver accueilli par un couple de basse caste dans un très petit village. Cette histoire poignante du destin d'une femme dans la bourgeoisie indienne des années 30 est particulièrement intéressant, puisqu'il est le prémisse des questionnements et de l'évolution du devenir de la femme dans la société indienne lors des décennies qui ont suivi.
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C'est avec grand plaisir que j'ai reçu ce livre, et tient a remercier Babelio et les éditions Zulma pour cette petite pépite de la littérature.

L'histoire se passe en Inde, dans une ville imaginaire. Savitri est une femme et une épouse modèle: elle s'occupe admirablement bien de ses enfants, deux filles et un garçon, prend soin de son foyer et aime son mari. Cependant, elle ne rayonne pas de bonheur: son mari travaille énormément, rentre tard et est très lunatique et caractériel. Bref, un insatisfait chronique. Elle fait tout pour se plier au quatre volonté de cet époux, mais rien ni fait, il n'est jamais content.

Savitri est une femme soumise, qui accepte tout. Cependant, il y a des limites. Lorsqu'elle va se rendre compte que son mari la trompe, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, et du jour au lendemain, elle quitte mari et enfants.

C'est à partir de ce moment qu'elle va découvrir la vie sous un autre jour, en déambulant dans la ville.

Ce roman est d'une modernité frappante, même s'il a été écrit en 1938. Rien ne laisse supposer, dans cette version, que le roman à presque 80 ans. C'est un vrai moment de plaisir que de lire le quotidien de cette femme, écrit sous la plume de R. K. Narayan.

Avec ce livre, je ne connaissais pas cet auteur, et je n'avais jamais lu de livre indien. Et j'ai vraiment hâte de découvrir la suite de son oeuvre.


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Ce roman, Dans la chambre obscure, de l'écrivain indien RK Narayan a été publié en 1938, réédité par les éditions Zulma en Juin 2014.
L'auteur y décrit la vie quotidienne d'une famille, dans le sud des Indes, dans la première partie du XXème siècle, et met l'accent sur le personnage féminin, Saviri, épouse de Ramani et mère d'un garçon, Babu, et de deux fillettes Kamala et Sumati.
Dans la chambre obscure permet de découvrir la vie quotidienne en Inde, la préparation des repas, le départ à l'école des enfants, les rites religieux, les fêtes traditionnelles.
Il nous renseigne sur la condition féminine dans la classe aisée. Certes Savitri ne manque de rien, elle a deux domestiques à son service et fait partie de la caste privilégiée des Brahmanes. Mais elle n'a chez elle aucun droit à la parole. Elle doit se soumettre aux ordres et aux désirs de son époux et essuyer ses colères en étant "douce et soumise" ainsi que le veut l'éducation des femmes. Parfois, lasse de ne pas exister, elle s'enferme dans une pièce qu'elle nomme "la chambre obscure" et qui lui permet de se soustraire un instant à ce rôle d'épouse parfaite. Mais l'infidélité de son mari va provoquer une prise de conscience, un séisme qui bouleversera la vie de la jeune femme.
Narayan montre la place de la femme dans la société indienne : elle dépend entièrement de son mari, ne possède rien, n'a rien à soi même pas ses enfants.

Nous découvrons aussi, par l'intermédiaire de Saviri, les classes pauvres et leur lutte pour la survie, contre la faim et la misère, mais aussi, la solidarité et l'entraide qui règnent dans ces milieux populaires.

Ce beau roman qui aborde des sujets audacieux pour son époque n'est jamais démonstratif. Il est écrit dans une langue simple, directe. Il y est question du quotidien, de la banalité de chaque jour, des habitudes qui engluent, qui dénouent les liens de famille. L'écrivain donne une épaisseur aux personnages et il dresse de Saviri un portrait de femme tout en nuances, avec ses faiblesses et ses qualités. Les derniers pages du roman laissent un goût amer car la fin pessimiste montre bien que la révolte des femmes ne peut aller très loin. Mais Saviri a compris quelque chose : sans instruction, les femmes ne sont rien. Elles doivent faire des études pour s'affranchir des hommes. Peut-être saura-t-elle guider ces filles dans cette voie? Une petite brèche vers l'espoir.

Merci aux éditions Zulma et à Babelio
Lien : http://claudialucia-malibrai..
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Avec l'arrivée de l'automne, dans ma boîte aux lettres, le nouvel opus « Masse critique » : « Dans la chambre obscure » de R.K. Narayan.
En ouvrant la porte du roman, on plonge dans la maison de Savitri, une femme indienne « ordinaire », mariée, qui élève ses trois enfants. On s'installe peu à peu dans l'ambiance familiale, les disputes entre frères et soeurs, les fêtes traditionnelles, mais surtout dans la relation conjugale, faite pour Savitri de soumission et de frustrations répétées face aux humeurs changeantes de son mari.
Comment poursuivre sans dévoiler l'intrigue ? (Ne pas lire la suite si vous ne le souhaitez pas !)
Peu à peu, le mari de Savitri, qui passe déjà des heures au bureau, s'entiche d'une nouvelle employée. Savitri, déjà peu épanouie dans sa relation de couple, sombre dans la dépression, mais un soir de colère, après une dispute avec son mari, surprenant autant son mari qu'elle-même, elle quitte la maison familiale, ses enfants, ainsi que tous ses repères.
S'ouvre alors la question de l'indépendance pour une femme dans une société traditionnelle. Comment vivre, être libre, sans travailler ? Comment faire pour gagner la confiance sans plus avoir les « attributs » de la femme honnête (mariée, mère…) ? Ces questions sous-tendent même la première partie du roman à travers les amies de Savitri par exemple.
Cette seconde étape m'a particulièrement intéressée et j'étais prête à suivre son développement…
Quand l'auteur choisit une issue qui laisse libre cours à la résignation et qui m'a profondément déçue.
Une sensation d'inachevé donc. Peut-être ce que l'héroïne elle-même aurait ressenti ?
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Savatri est une femme et épouse modèle au service des siens. Son époux Ramani, est hargneux, lunatique et râleur. Il est le patron d'une société d'assurance.
Suite à une directive de la maison mère, Ramani doit embaucher une femme pour appâter les clientes. Dès qu'il vit Shanta Bai, une femme séparée de son mari et sans grandes compétences, il est épris d'elle. Il lui aménage même une pièce au sein de sa société afin qu'elle ait un toit. Ramani en profite alors pour lui rendre visite chaque soir après la fermeture de la société et reste alors avec elle de plus en plus longtemps, oubliant sa famille.
Mais Savatri apprend rapidement cette liaison et décide de sortir enfin de ses gonds.

"Dans la chambre obscure" est un roman intemporel, qui nous transporte au sein d'une famille indienne. Il pourrait cependant être plus développé sur de nombreux points. Il se lit très facilement et se laisse très vite dévoré.

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L'histoire se passe dans les années 30, en Inde. On y suit Savitri, une épouse modèle qui élève ses trois enfants. Elle est mariée à Ramani, un homme lunatique et autoritaire.
La première partie du livre est consacrée à la découverte du personnage principal, on y observe la vie d'une mère au foyer en Inde. Ainsi, on comprend que malgré sa situation financière aisée (elle fait partie de la classe sociale brahmane) elle ne possède rien, et toute sa maison est sous le joug de son mari. La deuxième partie, qui est bien plus courte, commence après que son mari l'est trompé avec une de ses employés. À partir de là, Savitri décide de ne dépendre des hommes, et quitte sa maison et ses enfants. Elle se rend malheureusement à l'évidence que sans diplôme, elle ne peut pas gagner sa vie, et qu'elle ne pourra survivre que par la charité des gens. Elle rentre donc chez elle après un peu plus de deux jours. le roman s'achève à ce moment-là.
J'ai adoré la première partie du roman, l'histoire est très bien écrite et le personnage est nuancé et attachant. Malheureusement, je trouve la fin trop abrupte. Elle nous laisse sur notre faim : on aimerait savoir si sa relation avec son mari va s'améliorer ou pas. Cette fin sous-entend que la vie continuera son cours, comme s'il n'avait jamais quitté le foyer. Cette résignation, bien que logique me frustre. J'aurais aimé un chapitre ou deux de plus.
Une belle histoire, passionnante même si la fin est un peu décevante.
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C'est un livre qui se lit aussi vite qu'il donne une claque. C'est un grand wow en refermant ce livre qui nous secoue.
Tout prend place dans un phrasé qui met à l'honneur la poétique de la vie quotidienne, dans une stylistique qui laisse l'angoisse nous prendre à la gorge au fil des pages, qui noue notre ventre au fil qu'on avance dans l'histoire. Au début, cela n'a l'air de rien, la description de longues après-midi, du temps qui passe, des choses à faire et refaire chaque jour, du travail de femme au foyer...

Savitri a tout donné pour sa famille et son mari, son énergie, son temps, sa jeunesse. Sa vie entière est entièrement dédiée à sa préoccupation envers ses enfants : sa vie est millimétrée autour d'eux, ils sont tout son monde et elle ne vit que par et pour eux, à la fois à leur service, oreille attentive, et responsable de l'ordre. Mais Savitri est également habitée par l'angoisse. D'abord, cela ne se remarque pas. Elle court partout, elle pense, elle vaque à ses occupations et c'est à peine si on réalise, qu'au fur et à mesure que le temps passe, qu'on se rapproche du soir, l'angoisse monte en elle et l'attrape. L'angoisse de se demander dans quel état d'esprit son époux va rentrer. Est-ce qu'il va être aussi irascible que d'habitude, s'emportant contre tout, tous et sans raison, ou n'aura t-il comme projet que de vider ses…

Dans cette écriture qui décrit une vie de tous les jours, c'est l'angoisse sourde qui prend toute la place, comme un bruit de fond qu'au début on n'entend pas puis qui peu à peu prend toute la place.
L'histoire de Savitri nous questionne sur toutes les sociétés patriarcales, sur la dépossession de sa vie, de son être tout entier, sur le fait de n'être plus personne, seul l'ombre de son entourage, une ombre maltraitée dont la maltraitance est bien naturelle.
C'est un récit doux et dur, dans lequel on voit une femme gagner un peu d'espoir.
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Très beau portrait.
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