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Critique de Eve-Yeshe


Ce roman nous raconte une nuit dans la vie du héros, Tobie, qui circule à mobylette dans les rues de Pris, slalomant entre les barricades, narguant au passage des CRS, (l'un d'eux le traitera de « jeune con » au passage). Nous sommes le 10 mai 1968 et les évènements de mai débutent.

Tobie se cherche, il est en deuxième année de fac, maoïste convaincu, du moins le pense-t-il, et il nous entraîne au fil des pérégrinations, à rencontrer toutes les personnes qui ont fait mai 68, en particulier Dany Cohn-Bendit mais beaucoup d'autres, avec les réunions houleuses, les joutes verbales entre maoïstes, communistes de tous bords, alors persuadés de détenir la Vérité, la seule ce qui les rend bien sûr intolérants aux idées des autres.

Durant cette nuit agitée, on visitera à sa suite la Sorbonne occupée, le quartier latin, (comme plus tard l'occupation du théâtre de l'Odéon ou des usines) … il tombe sur un couple plongé en plein ébat sexuel, (qui se terminera mal pour l'un des deux) …

Le héros s'appelle Tobie, comme l'auteur, mais on se rend vite compte que ce n'est pas vraiment de lui qu'il s'agit, un peu comme un adulte parlant du jeune homme qu'il fut, avec la sagesse de la maturité, peut-être tout simplement parce que j'ai du mal en imaginer l'ethnopsychiatre reconnu en maoïste, sur la mobylette ou la guitare à la main comme sur la couverture par contre tout à fait…

J'ai aimé me plonger dans cette nuit de folie, au cours de laquelle on va retomber sur une vieille connaissance : Zohar dont on a connu l'histoire dans les romans précédents ainsi que celle qu'il appelle « La Libyenne »,dont on se demande si elle est ou non, une illusion, avec un retour sur l'exode de la famille de Tobie sommée comme tous les Juifs de quitter l'Égypte sous l'ère de Nasser, via l'Italie, car il était plus facile d'obtenir un passeport de nationalité italienne pour fuir.

J'ai aimé la manière dont l'auteur parle de l'exil, de sa mère brisée qui est devenu le fantôme d'elle-même, comme si une partie de son être était restée sur sa terre natale. J'ai fait la connaissance de Zohar avec « La société des belles personnes » que j'ai adoré, et avec son entrée en scène, ici, j'ai retrouvé les talents de conteur de Tobie Nathan : il raconte Mai 68 comme si on était dans les « Mille et une nuits », on a l'impression de faire partie du voyage, que ce soit sur la mobylette ou sur un tapis volant.

Un clin d'oeil au passage à la conférence d'un vieux professeur Mathias Robert, helléniste, qui se fait chahuter : parler de Socrate et critiquer le régime soviétique dont on connaît les exactions devant des étudiants communistes de tous bords c'était courageux voire téméraire, même flanqués de deux gardes du corps !

Ce roman est d'une grande richesse, par les sujets abordés, par l'écriture, avec Freud et la psychanalyse en toile de fond, et ma chronique ne lui rend pas vraiment hommage, car quand un livre me touche j'ai du mal à synthétiser, et pourtant je planche depuis quinze jours… j'espère avoir été convaincante !

Je remercie chaleureusement Tobie Nathan qui m'a proposé gentiment son roman qui peut se lire, même si on n'a pas lu « La société des belles personnes » ou « Ce pays qui te ressemble » qui m'attend toujours dans ma PAL, dans ma liseuse même…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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