AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Elusor


Irène Némirovsky a écrit ce roman inachevé au début de la guerre 39-45, alors qu'elle-même et sa famille se voyaient refuser la nationalité française.
La première partie, «Tempête en juin», relate comme si c'était en direct, l'exode qui jeta les Français sur les routes, fuyant devant l'avancée de l'armée allemande. On suit des Français de toutes les classes sociales dans cette fuite chaotique, et la plume élégante de l'autrice se fait grinçante, décrivant la petitesse des fuyards, alors que le sauve-qui-peut se conjugue au chacun pour soi. À travers les portraits des petits-bourgeois, banquiers, maîtresses, se glissent ceux d'un soldat blessé hébergé par une famille de paysans, Jean-Louis Marchand, et de ses parents qui le recherchent à travers leur exode. La deuxième partie, «Dolce», nous transporte dans une petite ville occupée et s'attarde à nous faire vivre cette occupation dans son aspect quotidien, où l'on côtoie l'occupant et qu'on apprend à le connaître. Chez les Angellier, famille de petite noblesse, la veuve et sa bru sont sans nouvelles du fils et mari au front et doivent héberger un officier allemand. Une relation interdite se noue à petites touches délicates entre Lucile Angellier et ce dernier, chacun se réalisant sans attache à leur conjoint lointain d'un mariage de convenance. Puis, par un concours de circonstances, la jeune femme se transforme en résistante alors qu'elle accepte d'héberger un paysan recherché par les Allemands qu'elle veut aider à se rendre à Paris. L'autrice avait prévu qu'elle y rencontrerait Jean-Louis Marchand, mais ce chapitre n'a pas été écrit, on le sait grâce à ses notes miraculeusement préservées, à l'instar du manuscrit.
L'écriture est fluide, tour à tour tendre et sarcastique, Irène Némirovsky est une fine observatrice de la nature humaine qui se révèle encore davantage, souvent laide ou parfois belle, en ces circonstances extrêmes.
C'est très bouleversant de réaliser que l'écriture de ce roman fut interrompue par son arrestation et sa déportation à Auschwitz, dont elle ne revint pas. Son mari subit le même sort funeste peu après, mais ses deux petites filles furent cachées, aidées, sauvées et avec elles, grâce à elles, le manuscrit de Suite française.
Commenter  J’apprécie          291



Ont apprécié cette critique (29)voir plus




{* *}