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Critique de pleasantf


J'ai découvert Jo Nesbo avec ce livre, polar noir inspiré de la célèbre tragédie du même nom écrite par Shakespeare. Nesbo réussit à suivre assez fidèlement la trame de la pièce. Il raconte l'ascension du flic Macbeth qui, poussé par le génie maléfique de Lady son épouse, va éliminer le préfet de police et des collègues pour devenir le maître de la ville, comme le chevalier Macbeth avait tué le roi Duncan et son ami le général Banquo pour monter sur le trône. Les sorcières de Shakespeare, symboles du mal, sont devenues chez Nesbo des trafiquants de drogue qui maintiennent la ville sous leur coupe.

Comme chez Shakespeare, le roman est assez complexe, foisonnant de personnages et riche en actions et en rebondissements. Nesbo gomme les aspects les plus fantastiques de la pièce historique, proches de la sorcellerie ou de la magie, mais son roman garde néanmoins un peu des aspects shakespeariens en poussant le récit aux limites du réalisme. C'est là pour moi le seul reproche que je fais au roman : c'est parfois exagérément gore et peu crédible.

Ceci dit, le récit est très prenant et Nesbo excelle dans la capacité à créer une tension dramatique et à distiller les informations progressivement. Même si on connaît la pièce de Shakespeare et le dénouement, on est néanmoins pris dans l'engrenage du roman.

Nesbo fait explicitement référence à certains passages de la pièce et au-delà du coté polar et suspense, son roman traite du Mal à travers la folie progressive de Macbeth. Ce qui m'a en outre intéressé, c'est d'y trouver des éléments de réflexion sur la nature du pouvoir et sur les conditions de son exercice. Au travers des figures des chefs (le préfet Duncan, Macbeth ou le maire), on voit que le leader est celui qui maîtrise la parole et que celle-ci reflète à la fois la raison et le coeur. On voit la lâcheté de ceux qui se soumettent au chef et le mécanisme qui permet à un moment donné de donner plus de prix au courage et à une mort possible qu'à la soumission et à la survie. On voit l'importance que peut avoir la classe sociale mais aussi celle que peut avoir l'équation personnelle dans l'ascension vers le pouvoir. Par équation personnelle, je pense à l'intelligence rationnelle (celle de Duff par exemple), l'intelligence intuitive (comme peut l'avoir Lady), la capacité à attirer la sympathie (Macbeth). On voit l'importance de l'image, de la communication dans l'expression du pouvoir. On voit l'importance à accorder au temps dans l'exercice du pouvoir car le changement et la transformations ne sont jamais immédiats, que ce soit au niveau individuel ou au niveau collectif. Ce roman est d'une certaine façon un traité sur le leadership. Pour finir, le constat d'un Macbeth dont la popularité augmente au fur et à mesure de son entrée dans la folie n'est pas sans laisser penser à certains dirigeants de notre monde actuel…
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