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Critique de Tancrede50



Un homme est arrêté par la police dans son appartement d'Oslo. C'est l'homme aux noms multiples. Il est né à Calcutta et il est géologue. Qu'a-t-il fait? On ne sait pas. Au moment de son arrestation, il pense à Bob Beamon, le sauteur en longueur, qu'il admire ; puis au chercheur spécialiste du cerveau qu'il a consulté car son père est en train de perdre la vue.
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Que voici un curieux texte! le roman est un voyage dans les souvenirs de l'homme arrêté, avec comme fil conducteur le récit des interrogatoires suivant son arrestation. En fait, l'homme arrêté "n'a fait qu'aller et venir depuis plusieurs années." On passe sans transition dans les différents pays où il a vécu : Inde, Allemagne, Danemark et Norvège. On rencontre une multitude de personnages, souvent bizarres : ainsi un pasteur qui marche à reculons sur les voies ferrées, ou un professeur d'anglais retraité qui mange juste une assiette de riz par jour, ou encore un homme sans nez qui soutient être la réincarnation de Nietzsche! On croise aussi bien des écrivains (Shakespare, Voltaire, Andersen) que des philosophes (Freud, Foucault, Spinoza) ou des musiciens (Mozart). On aborde des sujets gastronomiques (les fromages), sportifs (le saut en longueur et le patinage), voire anatomiques (l'oeil et le nerf optique) et géologiques bien sûr. La médecine vétérinaire enfin. L'auteure manie l'humour avec son style faussement naïf. On fait face à de nombreuses situations kafkaïennes où les fonctionnaires norvégiens s'en donnent à coeur joie. Il y a un jeu du chat et de la souris qui s'est établi entre l'homme aux noms multiples et le policier qui l'interroge. Qui l'emportera? L'homme retrouvera-t-il la liberté?
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Une fois passé la surprise, on s'habitue à ce récit qui part dans tous les sens et on se surprend à l'apprécier. À lire doucement toutefois. À certains moments, on doit faire face à des scènes assez dures, par exemple la crémation traditionnelle en Inde : en plein air, le corps du défunt revêtu d'un linceul blanc, sur un bûcher funéraire auquel on met le feu. le héros prévient : "Même si je parvenais à communiquer chaque détail de cette cérémonie particulière, le lecteur n'arriverait pas à s'en faire la même idée que moi." Il se trouve que dans ma vie professionnelle, j'ai eu l'occasion d'assister, à Mumbai, à une telle cérémonie. Saisissant. Ce roman l'a ravivée dans ma mémoire. le héros a raison : le récit ne peut donner qu'une pâle idée de ce que c'est. C'est la limite de l'art littéraire.
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