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Critique de Opuscules


Elle est devenue le varan. L'animal de sang glacé, figé depuis la nuit des temps, qui traîne lentement sa lourde carcasse dans les marais fangeux, souillé par le sang et la boue sempiternelle. Elle s'est faite varan pour encaisser l'enfance que ses parents lui ont volée.

D'un côté, il y a le père, le porc. Ce boeuf imbécile imbibé d'alcool, qui se complaît dans sa soue, dans sa crasse qu'il abreuve de pédophilie nécrophile. le père abusif, dont l'ego n'a d'égal que la répugnance qu'il inspire. de l'autre, il y a la mère. Pire que tout, moins que rien. La folle annihilante, violente, voleuse d'enfance, qui trouve son exutoire dans les horreurs qu'elle fait endurer à sa fille. Elle noie les hamsters dans l'éther, elle frappe, elle attouche. Elle est la sorcière aux entrailles pourries. À eux deux, ils sont les persécuteurs d'une jeunesse bafouée, les bourreaux ordinaires qui ont privé la narratrice de son insouciance.

Le syndrome du varan est un texte profondément dur, récit d'une enfance maltraitée et d'une renaissance salutaire. Justine Niogret décrit à la chaîne les atrocités commises pendant dix-sept ans par un couple dégénéré, haïssable et méprisable. Dans ce récit décousu et à bout de souffle, la narratrice offre une tribune aux enfants maltraités, contre les tortionnaires et contre les héros silencieux, ceux qui hurlent dans la rue mais se taisent au quotidien. Niogret crache sa haine, ses lignes ont la couleur du sang, elles ont l'odeur du mépris.

La plume est violente, percutante, le texte est instinctif, il est jeté à nos pieds comme une charogne en pâture. L'écriture est cathartique. À aucun moment, jamais, il n'est question d'apitoiement. Au contraire, l'auteure devient bestiale, son écriture se fait animale, elle est un hurlement primaire gonflé de haine. le Syndrome du Varan est de ces lectures qui bouleversent, qui font mal et qui transcendent. Si le texte est parfois trop cru, c'est parce que les propos sont insoutenables. le lecteur est malmené, violenté et déboussolé. Car les héros qui soulagent leur conscience sont eux aussi des bourreaux ordinaires.

La narratrice n'invoque rien, si ce n'est le droit à une vie. Finis les excuses, les silences, les regards de travers. Simplement pouvoir commencer à être, enfin.
Lien : http://opuscules.net/le-synd..
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