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Critique de Sertorius


Anne Nivat est très courageuse. Elle l'a montré comme correspondante de guerre depuis vingt-cinq ans. Elle est très courageuse aussi de vouloir enquêter sur la guerre en Ukraine en se rendant des deux côtés de la ligne de front, en affirmant n'appartenir à aucun camp. "Si après avoir refermé ce livre, ceux qui auront eu le plaisir ou le courage de le lire disent qu,ils ne savent pas où me placer, côté russe ou côté ukrainien, je serai satisfaite.". Voilà qui nous change du flot de pamphlets à sens unique dont le dernier en date est celui de Raphaël Glucksmann. J'avoue que je préfère Anne Nivat.
Un livre de ce genre est toujours difficile. Comment préserver un complet équilibre. Cela est-il même souhaitable? L'auteur, dès les premières lignes, semble du reste contredire sa démarche en affirmant : "Dans cette guerre qui a débuté le 24 février 2022, la Russie est l'agresseur." Mais enquêter avec sérieux et sans prévention des deux côtés n'empêche pas un jugement global.
Pratiquement l'application à l'objectivité est un exercice ardu. On choisit ses interlocuteurs même si comme Anne Nivat on diversifie son échantillon. Idéalement le nombre de témoignages dans un sens devrait être pondéré par leurs poids statistiques. C'est évidemment impossible. L'exercice reste toujours approximatif. Celui d'Anne Nivat malgré ses limites est réussi.
Je me contenterai de relever quelques exemples de son honnêteté et de son talent. du côté russe d'abord. Approchant de la ville de Volnovakha en zone occupée par les Russes (à 50 km au sud-ouest de Donetsk), Anne constate que les routes d'accès sont encombrées d'engins de chantier. "Plus on approche du centre ville, plus les chantiers de rénovation se succèdent. Car ici on combat et on reconstruit à la fois." Un auteur partisan en déduirait, soit que la Russie veut créer une vitrine artificielle s'il penche côte ukrainien, soit au contraire, s'il soutient les russophones pro-russes, que l'administration de la ville est admirable de reconstruire sur les ruines malgré la poursuite des combats. Anne Nivat n'émet aucun jugement de valeur. Elle reproduit simplement le point de vue de ceux qu'elle interroge.
Côte ukrainien, les interviewés déroulent évidemment des arguments contraires. le livre fourmille de témoignages qui peuvent alimenter les convictions de chaque camp.
En un mot Anne Nivat a fait du bel ouvrage
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