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Critique de Myriam3


Paul Nizan a vingt ans quand il s'embarque pour Aden, au Yémen, alors sous la domination de l'empire britannique; pourquoi partir? Parce qu'il étouffe dans ce monde bourgeois, parce qu'il est jeune, révolté tout autant que déprimé par la vieille Europe, parce qu'il fuit sa vie comme on ôterait sa peau au sortir de l'enfance.
Mais pourquoi Aden, précisément, et non l'Amérique, ou encore l'une des colonies françaises. Nizan ne justifie pas ce choix, mais cette ville si particulière le révèlera à la réalité du monde moderne.
Aden est alors en pleine expansion, passant de 6000 habitants au début du dix-neuvième siècle à 35000 50 ans plus tard. Grand port stratégique, elle abrite une population très diversifiée, dont de nombreux Européens qui y reproduisent leur mode de vie occidental, la culture en moins. Pas de théâtre, de cinéma, de musique, uniquement un intérêt pour le commerce, l'économie, une vie exploitée par les entreprises en expansion, et le rêve pour cette population du retour au pays. Rêve illusoire selon Nizan et signe de soumission. La vie ne se rêve pas, elle se vit.
Dans l'écriture de ce court texte autobiographique, on devine un jeune homme à la fois révolté et désabusé, en proie à la dépression (confirmée par sa biographie) ; le monde qu'il décrit est désenchanté, terne, la vie qui y est menée semble inutile et mécanique.
Nizan reviendra en France tel Ulysse après un long voyage, et prêt à s'engager pour le communisme.
J'ai peu apprécié les premières pages dans lesquelles la bouderie et l'arrogance du jeune homme se faisait un peu trop sentir, mais j'ai ensuite suivi le regard qu'il porte sur le microcosme de cette colonie avec intérêt. Cet essai est bien ancré dans l'entre-deux-guerres et préfigure les Sartre et compagnie à venir.
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