Citations sur L'âge de cristal, tome 1 : Quand ton cristal mourra (6)
Quand la grande majorité de la population a moins de vingt ans, comment s'étonner qu'un jour les jeunes s'emparent du pouvoir ?
C'est ainsi qu'en 2116 l'Amérique est devenue une société cybernétique où les rapports entre les sexes sont illimités, où les notions de bonheur et de malheur n'ont plus cours, où une loi exige que tout individu, à son vingt-et-unième anniversaire, entre dans le "profond sommeil", c'est à dire la mort.
Une police spéciale est chargé d'abattre les rebelles.
Mais quels espoirs peuvent avoir ces fugitifs ? C'est ce que se demande le policier Logan qui se met délibérément hors la loi pour découvrir le secret du "Sanctuaire" - là où les hommes vivent et meurent librement.
(quatrième de couverture de l'édition parue à "Présence du Futur" en 1976)
Les jeunes ne bâtissent pas. Ils utilisent.
Les merveilles de l'Humanité ont été accomplies par ces hommes d'âge mûrs et sages, qui vécurent sur cette terre avant nous.
Il sait que la fleur dans la paume de la jeune fille est devenue noire. Une fugitive.
Recroquevillée sur elle-même, elle contempla la fleur de cristal noir incrustée au creux de la paume de sa main droite.
Quelques jours auparavant, elle était d’un chaud rouge sang. Sept ans auparavant, elle était bleu électrique. Et sept ans plus tôt encore, jaune soleil. Une couleur pour chaque période de sept ans de sa vie. À présent, elle avait vingt et un ans et la fleur était d’un noir mat.
Le noir du sommeil, le noir de la mort.
Logan pensa aux Maisons du Sommeil peintes de couleurs gaies, avec les assistants en robes pastel, les chœurs des anges réglés électroniquement, la vaporisation d’hallucinogène qui effaçait des traits le bouleversement, la souffrance, et les remplaçait par un sourire fixe et joyeux. Il pensa à la tranquille chambre aux tombes, aux lumières douces, aux étagères d’aluminium, aux rangées de boîtes en lames d’acier portant les noms et les numéros des hommes.
Francis n’avait jamais l’air « vanné ». Pas de drogue ni de maison de verre pour lui. En tout cas pas avant le travail. Francis gardait toujours son sang-froid, il avait la tête claire, était sûr de lui. Pourquoi n’était-il pas comme lui ?
En fait, peu d’hommes du P.S. possédaient l’habileté, l’allant, de cet homme sans amis, sans amour, au corps maigre de mante religieuse, aux yeux noirs de chat en quête de sa proie. Méticuleux, redoutable, impitoyable. Seul le Penseur savait combien de fugitifs Francis avait abattus.