Encore un roman malade.
Jeff Noon s'attaque une fois de plus à l'humanité et à ses héros. Ici, il est question d'image, d'images, de reflets, ou encore du double, de la représentation. Do you cross the mirror ?
Le mirroir, cet objet quotidien dans lequel le monde se mirre, le double inversé, la refléxion. Brisez-le et tentez alors de comprendre ce que nous sommes, perdus à jamais dans les limbes d'une humanité qui ne pourrait plus se représenter.
Tel est le point de départ de
Déscendre en marche. Quatre personnages, Marlene (la narratrice), Henderson, Peacock et Tupelo voyagent ensemble et participent à une mystérieuse quête. Ils afforntent ensemble les dangers d'un mon malade en forme de fin du monde. On pense à La route de McCarthy et à toute une frange du cinéma : post-apocalyptique.
Jeff Noon marie toujours aussi bien les éléments du réél et leur double fantasmé. Ce qui fonctionnait dans
Vurt,
Pixel Juice ou
Pollen est repris ici une nouvelle fois avec brio : un déroulement narratif sous la forme d'une longue course au rythme effréné, empli d'actions. A cela s'ajoute les interrogations d'un monde mouvant, travesti dans une réalité connexe et qui s'exprime par le regard embué de quatre personnages forcément drogué. Dans la Pharmacie de
Platon,
Jacques Derrida exprimait toute l'ambiguité du concept grec de pharmakon : le remède aussi bien que le poison.
Jeff Noon a situé son roman en plein coeur de cette polysémie pour livrer un livre qui n'en finit plus de penser.
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