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EAN : 9782917157220
310 pages
La Volte (18/10/2012)
3.79/5   12 notes
Résumé :
L’Angleterre est rongée par une étrange épidémie : les victimes n’arrivent plus à décoder l’information. Les mots sont indéchiffrables, la musique une suite de bruits hostiles. Les miroirs reflètent des inconnus monstrueux. Sillonnant l’asphalte au jour le jour, quatre paumés tiennent le coup grâce à une mystérieuse poudre qui atténue temporairement les effets de la maladie. Marlene, hantée par la perte de sa fille, prend des notes pour résister à la désagrégation. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Quatre personnes voyagent à travers l'Angleterre dans une voiture mourante. Marlene, Henderson, Peacock et Tupelo ne se connaissaient pas, mais ils fuient l'infection et n'oublient pas de prendre leur médicament à heure fixe. Ce remède, c'est la Lucidité, aussi dite Lucy. Mais attention, l'overdose est vite arrivée et l'effet du médicament est exactement l'inverse de ce qu'il doit produire. Et Marlene, traumatisée par la mort de son enfant, rêve parfois de lâcher prise. « Mais je n'aspirais qu'à descendre en marche alors même que nous accélérions. Cette pulsion insensée m'a submergée : savourer la poudre pleinement, pour une fois. Courir dans les particules volantes, bouche ouverte, respirer la poussière à pleins poumons, pour une overdose. » (p. 17) Sans cesse rattrapée par ses camarades, Marlene est sur le fil.

Quand elle est lucide, Marlene écrit ce qu'elle vit, ses quelques souvenirs, son voyage, sa mission. Dans son pauvre carnet, les idées s'entrechoquent, se mélangent et la réalité semble de plus en plus difficile à fixer. « Que serais-je, sans lucidité ? Je ne serais pas capable d'écrire. Je ne comprendrais pas réellement les mots prononcés. le monde s'emplirait de bruit et je serais perdue, complètement. » (p. 39) Et même en pleine lucidité, la mission que lui a confiée Kingsley lui semble de plus en plus absconse. Pourquoi continuer à chercher quand les mots s'effacent des pages quand on les lit ? Il faudrait réapprendre à déchiffrer les messages, réapprendre la communication. « Ainsi vivons nous aujourd'hui ; seuls ces réajustements permanents permettent de former une image globale, vraie ou non. » (p. 292)

L'infection n'est jamais clairement présentée. Il est question d'un bruit qui envahit tout, qui brouille les messages et la communication. Désormais, le processus de transmission et de réception est perverti. L'infection touche les vivants comme les objets. Et le pire, ce sont les miroirs : ils ont tous été recouverts, cachés ou détruits. Les reflets se rebellent et refusent de rester prisonniers des surfaces de verre. « Mais tout était mensonge, je le savais. le signal était corrompu. Dans la si petite distance parcourue entre moi et l'image de moi, ça se décomposait. Là était le danger, le bruit prisonnier d'une boucle. Un visage me hurlait dessus, me faisait frapper le miroir du plat de la main. le miroir ne s'est pas cassé. Je me suis fait mal à la main. » (p. 184) Qui a-t-il vraiment de l'autre côté du miroir ? Faut-il s'y risquer ? « Elle m'a dit qu'un démon vivait dans le miroir. […] Il la dévorait, a-t-elle dit. Il dévorait son apparence. » (p. 208)

Dans cette odyssée sans but, la voiture mourante est le cheval de Troie des 4 voyageurs. Ils ne vont nulle part et accomplissent une mission dont l'objectif est incertain, voire inconnu. Un roman de la Volte, c'est toujours un bel objet, avec une douce couverture et des pages souples et épaisses. Et quand il renferme une telle merveille de dystopie, ça devient un trésor. Une touche de Lewis Carroll, une référence aux Beattles et voilà un OVNI littéraire tout à fait fascinant. Si vous n'avez rien compris à mon billet, c'est normal. Prenez un peu de Lucidité. Et « si vous pouvez lire cette phrase, c'est que vous êtes en vie. »
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Encore un roman malade. Jeff Noon s'attaque une fois de plus à l'humanité et à ses héros. Ici, il est question d'image, d'images, de reflets, ou encore du double, de la représentation. Do you cross the mirror ?
Le mirroir, cet objet quotidien dans lequel le monde se mirre, le double inversé, la refléxion. Brisez-le et tentez alors de comprendre ce que nous sommes, perdus à jamais dans les limbes d'une humanité qui ne pourrait plus se représenter.
Tel est le point de départ de Déscendre en marche. Quatre personnages, Marlene (la narratrice), Henderson, Peacock et Tupelo voyagent ensemble et participent à une mystérieuse quête. Ils afforntent ensemble les dangers d'un mon malade en forme de fin du monde. On pense à La route de McCarthy et à toute une frange du cinéma : post-apocalyptique.
Jeff Noon marie toujours aussi bien les éléments du réél et leur double fantasmé. Ce qui fonctionnait dans Vurt, Pixel Juice ou Pollen est repris ici une nouvelle fois avec brio : un déroulement narratif sous la forme d'une longue course au rythme effréné, empli d'actions. A cela s'ajoute les interrogations d'un monde mouvant, travesti dans une réalité connexe et qui s'exprime par le regard embué de quatre personnages forcément drogué. Dans la Pharmacie de Platon, Jacques Derrida exprimait toute l'ambiguité du concept grec de pharmakon : le remède aussi bien que le poison. Jeff Noon a situé son roman en plein coeur de cette polysémie pour livrer un livre qui n'en finit plus de penser.
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Une étrange maladie qui empêche toute compréhension, quatre personnes tentant d'y échapper. L'intrigue m'avait attirée, je n'ai pas été déçue.

Dans ce « road novel » au rythme saisissant, le lecteur est plongé dans la fuite de Marlene, Henderson, Peacock et Tupelo, avec pour seul décor un monde ravagé par une maladie terrible, jamais clairement décrite. Les livres, la musique, les images, ou même les miroirs ne font qu'embrouiller les humains, incapables de reconnaître toute forme d'information, et menacés de s'enfermer dans leurs plus profondes pensées. Marlene, la narratrice, est une ancienne journaliste partie à la recherche de morceaux de miroirs pour un commanditaire dont on ne sait presque rien. Son seul refuge est l'écriture : elle profite de ses rares moments de lucidité pour noircir un carnet, tentant de se souvenir, de comprendre, et de survivre à cette maladie.

Il s'agit là d'un roman étrange, au rythme angoissant, un roman parfois tout aussi bancal que les personnages eux-mêmes. C'est ce qui en fait sa richesse. Par l'écriture, Jeff Noon nous plonge complètement dans ce monde angoissant. Il mêle brutalité et poésie dans les mots de Marlene, de plus en plus malade. Les dialogues deviennent absurdes, les phrases se répètent, on se demande où la narratrice veut en venir… Puis les conversations redeviennent claires et on peut à nouveau avancer dans la lecture. S'il est parfois difficile de rester concentré, j'ai apprécié cette lecture inattendue, originale, et déroutante. Un véritable délire, un vrai délice.
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C'est un livre qu'on a envie d'aimer et assurément les premières pages savent capter notre attention et aiguiser notre désir d'aller plus loin. La langue est superbe et elle le restera jusqu'à la page 156 où je m'arrête. "Descendre en marche" décrit un monde dépourvu de sens. Pour lutter contre cette maladie, il faut gober des comprimés appelés Lucidité. L'étrangeté est partout, rien n'a de sens pas même les actions des 4 personnages principaux dont on peine à comprendre les relations et les motivations. le propos a beau être original, le style présent, je ne suis pas parvenu à entrer dans ce récit. Dommage.

J'essaierais de me faire un autre avis avec Vurt...
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Je comprends que beaucoup aime ce genre de lecture qui a ses qualités mais histoire beaucoup trop décousue, déjantée et farfelue pour moi....
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Hier soir, c'était dur. Très dur. Le pire qu'on ait connu jusqu'ici. Ils étaient trop nombreux, toute une famille, et tous en crise. On a dû partir les mains vides. Henderson a reçu un sacré coup sur le crâne. Elle dit que c'est ma faute. Au bout du compte on s'est réfugiés dans un bed and breakfast des faubourgs. C'était un établissement sombre et déplaisant, avec des gens qui erraient dans les couloirs toute la nuit, à gémir, à se lamenter. Pas facile de dormir. Du sang dans la cuvette des toilettes, de la merde sur les murs. Tous les miroirs et même l'écran de la télé recouverts de peinture noire. MAis c'était pas cher et on était en sécurité. On ne nous a posé aucune question, même quand nous avons dit qu'on partageait à trois la chambre minuscule. Puis, ce matin, départ tardif, et une longue route qui nous attend. Une autre mission. Qui rimera à quoi ? Après hier soir, je suis un peu paumée, découragée. Les autres aussi. Personne ne parle.
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« Il faudrait que tous les livres soient comme ceux-ci. J'en ai vu un à la fac. L'histoire, fragile, détruite par l'acte de lecture. C'est comme…. c'est comme le plus parfait amour, un amour qu'on ne saisit qu'un instant, tu sais, et qu'on perd pour toujours. » (p. 47)
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J'ai décidé de recommencer du début. Je vais repartir de ce dont je suis sûr, les événements d'aujourd'hui, de la nuit juste écoulée. Bien des fois, déjà, j'ai fait la même chose, et chaque fois, toujours, c'est la confusion qui l'emporte. J'arrive à évoquer des détails éparses, des émotions, des humeurs globales ; mais quelque chose se perd en chemin. Le bruit est une main sombre, une douce emprise, lent poison, maladie, il ne relâche jamais son étreinte sur moi. Pourtant j'ai des moments de lucidité comme celui-ci, la douleur subite d'un souvenir, entier, vibrant ; ce que j'entrevois doit être retenu immédiatement ou perdu à jamais. Je dois être forte. Je continuer à écrire. Il n'y a pas d'autre issue, surtout que mon état semble empirer.
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« Si vous pouvez lire cette phrase, c’est que vous êtes en vie. »
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« Mais tout était mensonge, je le savais. Le signal était corrompu. Dans la si petite distance parcourue entre moi et l’image de moi, ça se décomposait. Là était le danger, le bruit prisonnier d’une boucle. Un visage me hurlait dessus, me faisait frapper le miroir du plat de la main. Le miroir ne s’est pas cassé. Je me suis fait mal à la main. » (p. 184)
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