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Critique de Tempsdelecture


Je vais commencer par le personnage principal, Inni Wintrop, que j'ai trouvé inintéressant au possible. J'irais même plus loin je le trouve d'une tristesse absolue, et au-delà même du fait de pouvoir ressentir de la compassion pour lui, je l'ai trouvé plombant d'un bout à l'autre du roman. Et s'il n'y avait que lui, ça aurait été un moindre mal, mais j'y reviendrai plus tard. Je n'ai pas été touchée par l'homme, il n'a su susciter ni intérêt ni quoi que ce soit d'autre. Des personnages brisés, abimés par la vie, la malchance ou tout ce que vous voudrez, ce ne pas ce qui manque dans la littérature classique ou contemporaine, en France, en Russie, au Japon ou n'importe ou ailleurs. Mais ici, à mes yeux, je n'ai pas réussi à lui trouver un attrait quelconque.

Est-ce que le style de Cees Nooteboom y ait pour quelque chose? Sans aucun doute. Sec, ennuyeux, pompeux, je ne suis pas arrivée à m'y accoutumer assez pour réussir à aller au bout de ce que l'auteur cherchait à dire. Pourtant, il est parfait, bien construit, même recherché et habile, mais j'ai eu la désagréable sensation d'ouvrir le Petit Larousse ou l'Encyclopédie Universalis, un bouquet de fleur, en plastique, immuable certes mais inodore. Aucune émotion.

J'ai ressenti une espèce de morosité ambiante, très âpre, qui a gâché le plaisir de ma lecture, car on ne peut pas dire que le roman baigne dans l'optimisme extatique. Il est vrai que c'est le ton d'un monde qui touche à ses limites et dont il ne reste guère plus grand-chose à sauver, la terre se meurt, et Inni Wintrop n'en est pas loin non plus, Arnold et Philip Taads se sont, quant à eux, déjà presque effacés de toute existence sociale. Des êtres au bout de leur vie, retenus par le mince fil d'un objet, d'un être, de femmes pour l'un, un chien et un bol antique pour les autres et qui finissent par perdre totalement le sens de leur existence. le fond du récit n'est d'ailleurs pas sauvé par la forme, même si le langage est très soigné et bien construit, il y a des passages vraiment trop assommants à mon goût.

L'histoire, dans la lignée de mes précédentes impressions, ne présente pas plus d'intérêt à mon sens. Je n'ai vraiment pas davantage réussi à fixer mon attention sur les autres personnages, notamment Arnold Taads. Je n'ai pas adhéré à sa misogynie existentielle pas plus qu'au mysticisme méditatif de Philippe, encore moins à l'insouciance d'Inni. Je n'ai pas non plus saisi la cohérence globale du roman hormis, peut-être, cette volonté de raconter ces trois hommes embourbés chacun dans une forme de solitude, raconter cette sensation d'être arrivé au bout de sa vie. Glaçant.


Alors, je serais injuste si je ne parlais pas des points positifs, je ne compte pas terminer ce compte rendu sans parler des quelques aspects qui m'ont tout de même plu. À commencer par cette critique du monde moderne, sur le point de se perdre, chacun des trois personnages principaux, englués dans leur propre absurdité le démontre: Inni met sur le même plan les fluctuations boursières, ses horoscopes, sa femme Zita, qui finit par le quitter, forcément. Ils sont devenus un couple, ou l'individu est interchangeable avec la cote de l'or à la bourse ou avec un bol aussi rare et précieux soit-il. Entre matérialisme forcené et ésotérisme naïf, il me semble que Cees Nooteboom pointe du doigt une perte relative des valeurs, ou l'être humain ne vaut guère mieux qu'une capitalisation boursière ou une pseudoscience rassurante. Désinvestissement des relations humaines, familiales, est-ce que Cees Nooteboom est si éloigné de la réalité que ça? Peut-être pas, et c'est d'autant plus effrayant que ce roman a été écrit il y a quarante ans alors même qu'internet et les réseaux sociaux n'existaient pas encore et que Skype ne nous permettait pas d'éviter l'effort exigé pour s'intéresser à autrui. Comme je le disais plus haut, l'optimisme d'un monde plus chaleureux n'est pas de mise ici et finalement la réalité n'est pas là pour nous donner davantage d'espoir.

Même si je suis à deux doigts de me sentir visée par le discours de l'auteur néerlandais, j'avoue que je préfère quelquefois la compagnie des livres à celle de mes semblables, cette lecture reste décevante, quelque chose de profondément morne dans le ton et la narration m'a déplu. Ce n'est donc pas ma meilleure lecture que j'ai faite cette année, je pense être passée complétement à côté de ce roman mais le style m'a tellement plombée que je me suis très vite lassée de ce récit. Peut-être retenterai-je l'aventure avec un autre livre de Cees Nooteboom si d'aventure je tombais sur un ouvrage qui m'attire davantage.





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