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Philippe Noble (Traducteur)
EAN : 9782070309320
272 pages
Gallimard (05/10/2006)
3.58/5   18 notes
Résumé :
Peu de chose, sans doute, rapproche le rituel de la messe et celui de la cérémonie du thé. Pourtant, l'un comme l'autre vont marquer de leur empreinte Inni Wintrop. Ce dilettante sceptique coulerait à Amsterdam des jours heureux, s'il n'était maladivement sensible à la fuite du temps et à l'omniprésence de la mort. Inni, cependant, aime trop la vie pour ne pas conclure avec elle les compromis que requiert la société. Ce n'est pas le cas des deux êtres dont la rencon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans le roman "Rituels" de Cees Nooteboom, j'ai fait la connaissance d'Inni Wintrop, le protagoniste central de l'histoire. Malheureusement, je n'ai pu m'empêcher de le trouver inintéressant, sans consistance, et renfrogné tout au long de ma lecture, ce qui s'est avéré une expérience fort fastidieuse. Inni n'a pas réussi à susciter d'intérêt, ni même à éveiller la moindre compassion en moi ; au lieu de cela, il a provoqué de l'agacement. Certes, la littérature abonde en personnages brisés par la vie, mais Inni n'a pas réussi à se distinguer d'une manière qui aurait pu m'enchanter. Des récits de vies marquées par la guerre, la jeunesse saccagée, et les blessures sont monnaie courante dans toutes les littératures, mais ici… C'était comme si le néant prévalait...

Le style de Cees Nooteboom est indéniablement un facteur contribuant à ce manque d'intérêt. Son écriture est très soignée, faisant un usage impeccable d'un vocabulaire vaste et précis. Cependant, elle m'a laissé une sensation d'ennui, comme si elle cherchait à combler un vide en en faisant trop. J'avais le sentiment de lire une prose qui ne visait pas la fluidité, mais qui forçait le rythme, utilisant un langage trop riche en connaissances, mais dépourvu de sensations et d'émotions. C'était comme un masque rigide, dépourvu d'attrait. le récit lui-même m'a semblé interminable.

Les autres personnages ne m'ont pas davantage captivée. Arnold Taads avec sa misogynie prononcée et Philip Taads avec son mysticisme méditatif ne m'ont pas touchée, pas plus qu'Inni avec son insouciance. Cependant, j'ai apprécié les thèmes abordés, qu'il s'agisse de la solitude et du désespoir qui semblent imprégner ce monde, ou de cette sensation d'avoir atteint le bout du chemin, même si ces thèmes sont d'une nature très pessimiste. Cees Nooteboom critique un monde moderne en quête de repères, une société obsédée à la fois par la quête matérielle et déconnectée des valeurs humaines. Malheureusement, l'ensemble m'a paru manquer de cohérence et de structure. Je me suis retrouvée à relire plusieurs fois les mêmes phrases et à revenir en arrière pour vérifier si je n'avais pas omis un paragraphe.

On peut établir un parallèle avec la vie contemporaine, Internet et les réseaux sociaux qui tendent à la fois à séparer les individus tout en les rassemblant sur des sujets divers, qu'il s'agisse de jeux vidéo, de livres, de musique, de sciences, d'ésotérisme, de religion, et bien d'autres. le roman offre une perspective très sombre sur un monde de plus en plus déshumanisé, mais si l'on observe le présent, on peut également percevoir ces changements, ainsi que le désir de revenir à des valeurs plus simples et rassembleuses. C'est du moins une observation que j'ai pu faire, sans pour autant prétendre que cette tendance soit omniprésente.

En bref : bien que j'aie été interpellée par certaines critiques sociales et sociétales reflétant des questionnements toujours actuels, le style de Nooteboom a entravé ma pleine appréciation de cette lecture.
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Je vais commencer par le personnage principal, Inni Wintrop, que j'ai trouvé inintéressant au possible. J'irais même plus loin je le trouve d'une tristesse absolue, et au-delà même du fait de pouvoir ressentir de la compassion pour lui, je l'ai trouvé plombant d'un bout à l'autre du roman. Et s'il n'y avait que lui, ça aurait été un moindre mal, mais j'y reviendrai plus tard. Je n'ai pas été touchée par l'homme, il n'a su susciter ni intérêt ni quoi que ce soit d'autre. Des personnages brisés, abimés par la vie, la malchance ou tout ce que vous voudrez, ce ne pas ce qui manque dans la littérature classique ou contemporaine, en France, en Russie, au Japon ou n'importe ou ailleurs. Mais ici, à mes yeux, je n'ai pas réussi à lui trouver un attrait quelconque.

Est-ce que le style de Cees Nooteboom y ait pour quelque chose? Sans aucun doute. Sec, ennuyeux, pompeux, je ne suis pas arrivée à m'y accoutumer assez pour réussir à aller au bout de ce que l'auteur cherchait à dire. Pourtant, il est parfait, bien construit, même recherché et habile, mais j'ai eu la désagréable sensation d'ouvrir le Petit Larousse ou l'Encyclopédie Universalis, un bouquet de fleur, en plastique, immuable certes mais inodore. Aucune émotion.

J'ai ressenti une espèce de morosité ambiante, très âpre, qui a gâché le plaisir de ma lecture, car on ne peut pas dire que le roman baigne dans l'optimisme extatique. Il est vrai que c'est le ton d'un monde qui touche à ses limites et dont il ne reste guère plus grand-chose à sauver, la terre se meurt, et Inni Wintrop n'en est pas loin non plus, Arnold et Philip Taads se sont, quant à eux, déjà presque effacés de toute existence sociale. Des êtres au bout de leur vie, retenus par le mince fil d'un objet, d'un être, de femmes pour l'un, un chien et un bol antique pour les autres et qui finissent par perdre totalement le sens de leur existence. le fond du récit n'est d'ailleurs pas sauvé par la forme, même si le langage est très soigné et bien construit, il y a des passages vraiment trop assommants à mon goût.

L'histoire, dans la lignée de mes précédentes impressions, ne présente pas plus d'intérêt à mon sens. Je n'ai vraiment pas davantage réussi à fixer mon attention sur les autres personnages, notamment Arnold Taads. Je n'ai pas adhéré à sa misogynie existentielle pas plus qu'au mysticisme méditatif de Philippe, encore moins à l'insouciance d'Inni. Je n'ai pas non plus saisi la cohérence globale du roman hormis, peut-être, cette volonté de raconter ces trois hommes embourbés chacun dans une forme de solitude, raconter cette sensation d'être arrivé au bout de sa vie. Glaçant.


Alors, je serais injuste si je ne parlais pas des points positifs, je ne compte pas terminer ce compte rendu sans parler des quelques aspects qui m'ont tout de même plu. À commencer par cette critique du monde moderne, sur le point de se perdre, chacun des trois personnages principaux, englués dans leur propre absurdité le démontre: Inni met sur le même plan les fluctuations boursières, ses horoscopes, sa femme Zita, qui finit par le quitter, forcément. Ils sont devenus un couple, ou l'individu est interchangeable avec la cote de l'or à la bourse ou avec un bol aussi rare et précieux soit-il. Entre matérialisme forcené et ésotérisme naïf, il me semble que Cees Nooteboom pointe du doigt une perte relative des valeurs, ou l'être humain ne vaut guère mieux qu'une capitalisation boursière ou une pseudoscience rassurante. Désinvestissement des relations humaines, familiales, est-ce que Cees Nooteboom est si éloigné de la réalité que ça? Peut-être pas, et c'est d'autant plus effrayant que ce roman a été écrit il y a quarante ans alors même qu'internet et les réseaux sociaux n'existaient pas encore et que Skype ne nous permettait pas d'éviter l'effort exigé pour s'intéresser à autrui. Comme je le disais plus haut, l'optimisme d'un monde plus chaleureux n'est pas de mise ici et finalement la réalité n'est pas là pour nous donner davantage d'espoir.

Même si je suis à deux doigts de me sentir visée par le discours de l'auteur néerlandais, j'avoue que je préfère quelquefois la compagnie des livres à celle de mes semblables, cette lecture reste décevante, quelque chose de profondément morne dans le ton et la narration m'a déplu. Ce n'est donc pas ma meilleure lecture que j'ai faite cette année, je pense être passée complétement à côté de ce roman mais le style m'a tellement plombée que je me suis très vite lassée de ce récit. Peut-être retenterai-je l'aventure avec un autre livre de Cees Nooteboom si d'aventure je tombais sur un ouvrage qui m'attire davantage.





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Que fait un solitaire lorsqu'il rencontre un misanthrope ? 

Inni Wintrop est un quinquagénaire amstellodamois qui la joue solo, mais qui ne dédaigne pas les plaisirs de la vie : un bon whisky, une Marieke élancée et pas farouche, un bel objet patiné par le temps. Les balades vagabondes de notre héros couvrent deux décennies entre les années 50 et 70. Son parcours est marqué par la rencontre de deux hommes en retrait de la vie, père et fils, qui n'ont jamais entretenu de commerce véritable entre eux. le premier ne tolère dans son intimité qu'un chien et lutte contre l'oppressant écoulement du sablier par le saucissonage strict de son temps de veille, chaque activité à son heure, et malheur à l'hypothétique visiteur qui viendrait dix minutes en avance. le fils, d'une sensibilité plus asiatique, s'astreint à une contemplation méditative du néant, le temps suspendu autant que faire se peut. Wintrop, dubitatif et effrayé, abandonne vite ces deux personnages, bien trop acétiques à son goût. 

Avertissement aux lecteurs attirés par la couverture et par la quatrième : ce livre a peu à voir avec la fascinante cérémonie nippone du thé. Ils en seront pour leurs frais. Rituels est un récit somme toute assez banal, qui ne vaut que par l'intéressante évocation de l'univers raffiné et érudit des marchands d'antiquités et d'oeuvres d'art de haute volée. 
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Souvenir. (Les voies impénétrables du.) Que n'arriverait-il pas, en effet, dans les cinq minutes suivantes? Il avait devant lui, tout d'abord, littéralement et matériellement, son premier whisky, le verre de whisky qu'il ne boirait jamais plus. En second lieu, l'homme à qui il penserait si souvent dans sa vie lorsqu'il verrait, boirait, goûterait du whisky. À cet homme, et à travers lui à sa tante, donc à lui-même. Cela faisait du whisky sa madeleine, la poignée de la trappe qu'il suffisait de soulever pour entamer la grande descente au royaume des ombres.
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Tout était réglé comme une horloge. Tandis qu'ils descendaient l'allée du jardin, Inni se retourna pour contempler la maison et, plus encore qu'à l'intérieur, ressenti la solitude fanatique à laquelle cet homme s'était condamné. La souffrance affecte des formes multiples et bien qu'Inni, avec le recul, dût certainement reconnaître qu'il en avait eu sa part, il est tout de même étrange qu'elle ait pu être révélé à l'état brut, avec autant de clarté, à un garçon aussi jeune.
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«Quarante ans, disait-il, c'est l'âge où l'on doit tout recommencer pour la troisième fois, ou bien se mettre à travailler son futur personnage de vieillard venimeux» ; il avait choisi le seconde solution.
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Je n’ai jamais fait grand cas des hommes. La plupart sont trouillards, conformistes, brouillons, grippe-sou, et ils se contaminent entre eux. Là-haut, on est débarassé d’eux. La nature est pure, comme les animaux. J’ai plus d’affection pour ce chien que pour toute l’humanité. Les animaux sont de droite, un bon point pour eux! Après la guerre, quand on a pu enfin voir et entendre ce qui s’était passé, trahisons, famines, meurtres, extermination – tout cela l’oeuvre des hommes -, alors oui, je me suis mis à les mépriser sans réserve. Pas les individus, mais l’espèce, qui s’achemine vers sa fin dans le carnage, le mensonge et la peur. Les animaux ne trichent pas, ils n’ont pas de slogans, ils ne meurent pas pour autrui, ni d’ailleurs pour obtenir plus qu’il ne leur revient. Dans la société moderne, cette société de faibles, la notion de hiérarchie naturelle est évidemment honnie, mais jusqu’à notre apparition dans l’évolution, la loi a parfaitement fonctionné. Bref, j’en ai eu assez. J’ai cédé ma charge, brûlé mes vaisseaux, quitté ma femme (ah, quelle joie, quelle joie!) et je suis parti au Canada.
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Il y avait des jours, songeait Inni Wintrop, où la répétition d'un même phénomène en soi plutôt dépourvu de sens semblait vouloir apporter la preuve de l'absurdité du monde - absurdité qu'il valait mieux aborder avec nonchalance, sous peine de ne plus pouvoir supporter la vie.
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Vidéo de Cees Nooteboom
Né en 1933 à La Haye, Cees Nooteboom s'est imposé comme l'un des plus grands écrivains européens contemporains. Romancier, poète, essayiste, il a reçu les plus hautes distinctions littéraires aux Pays-Bas, en Allemagne, en Autriche et en Espagne. *Adieu**, composé en partie lors du confinement du printemps 2020, est marqué par l'impossibilité et la mort. Au fil des pages, le lecteur accède aux paysages silencieux de l'auteur, à sa cosmogonie poétique sur laquelle se déploient l'aile d'un ange, l'empreinte d'une absence et celles des silhouettes aimées.
Merci au Nederlands Letterenfonds dutch foundation for literature [Fonds des lettres néerlandaises] et à Margot Dijkgraaf pour la réalisation de cette vidéo.
**L'Oeil du moine** suivi de **Adieu** de Cees Nooteboom : https://www.actes-sud.fr/catalogue/loeil-du-moine-suivi-de-adieu
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