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Critique de Lucrese1


J'avais beaucoup aimé "Surface", j'ai adoré "Entre deux monde". A présent, comment parler d'un livre tellement bouleversant à peine fermé. Entre deux monde, entre l'horreur, l'espoir et le bonheur; entre l'enfer, le purgatoire et la paradis...
Avant de parler du livre, j'aimerais vous raconter deux petites anecdotes: il y a quelques années, mon mari et moi avions regardé un documentaire sur Sundance avec des témoignages de civils en Syrie, enfants, adultes, sportifs, artistes, hommes, femmes, chrétiens et musulmans. Ils parlaient d'espoir et ils aimaient leur pays comme nous aimons la France ou la Belgique. Ils avaient pris des risques considérables, des risques que je ne peux imaginer pour fuir cet enfer, car si enfer il y a, il ne peut ressembler à ce que nous avions vu sur notre grand écran, bien au chaud: des gens torturés, des enfants mourant à cause des armes chimiques utilisées par Bachar-el-Assad. Nous n'en pouvions plus, nous avons tous les deux pleuré. Coincés entre deux monstres, les extrémistes et ce dictateur, ils ont décidé de parler, de parler du début, de ce fameux "printemps arabe", certains sont morts, torturés, d'autres ont réussi à fuir. Où qu'ils soient, j'espère qu'ils sont heureux à présent!
Ces derniers jours, je rentrais le plus vite possible du travail pour me replonger dans ma lecture. Sauf lundi et mardi: le hasard a mis sur mon chemin deux élèves, deux filles d'à peine douze ans qui ont besoin d'aide pour apprendre le néerlandais afin de pouvoir mieux suivre les cours. Comme chaque fois, je leur ai demandé si elles parlaient un peu l'anglais ou le français et quelle était leur nationalité : syrienne m'ont-elles répondu. Nous avons fait connaissance comme je le fais avec chacun de mes nouveaux élèves que j'aide un peu. Elles m'ont raconté leur fuite, en avion, puis en bateau, exactement comme les personnages de "Entre deux mondes"! Elles ont eu peur, très peur, une des deux enfants m'a raconté que sa maman avait perdu l'enfant qu'elle portait pendant ce voyage mais elles sont arrivées en France et puis en Belgique et les voilà en sécurité, dans une maison dans laquelle elles se réveillent chaque matin pour venir à l'école et non à cause du bruit de bombes et de mitraillettes! Leur parents ont un emploi et c'est tout ce qui compte, être ensemble sous le même toit, avoir assez d'argent pour se nourrir et avoir droit à l'éducation, une vie d'enfant, enfin...
Dans le livre d'Olivier Norek, nous faisons connaissance avec Bastien, flic français muté à Calais avec sa femme et sa fille; Adam, un flic syrien qui a quitté son pays après avoir envoyé sa fille et sa femme qu'il espère retrouver dans "the jungle" à Calais et un enfant soudanais qui a déjà vu trop d'horreur pour son jeune âge, Kilani. Ce dernier ne parle pas, il est muet, a parcouru la moitié du monde en quête d'un ailleurs, d'une terre promise où la violence serait loin, une terre qui porte le nom de Youké pour United Kingdom.
Le chemin de ces trois personnes vont se croiser, Adam ne retrouve pas sa famille et devient vite le protecteur, "le papa" de Kilani. Bastien, flic mais un homme de coeur avant tout, va se lier d'amitié avec Adam va tomber sous le charme du petit Kilani. L'histoire nous est contée à la troisième personne, sauf lorsque Kilani prend la parole pour nous raconter son histoire: la façon dont il a perdu les siens, dont il est devenu muet, la cruauté des adultes et l'espoir de retrouver un peu d'amour auprès de son nouveau protecteur, Adam.
Ce livre n'est pas un polar, ce livre raconte une histoire vraie! Olivier Norek s'est rendu à Calais pendant un mois, a travaillé comme bénévole en journée et comme
policier la nuit (avant de devenir écrivain, il a travaillé 17 ans dans la police), il a vu l'horreur de la guerre, en ex-Yougoslavie et en Syrie. Il nous le précise immédiatement : « Face à la violence de la réalité, je n'ai rien osé inventer. Seule l'enquête de police, basée sur des faits réels, a été romancée… ». Nous voilà prévenu, quelque soit l'horreur que l'on découvre au fil des pages, elle a existé, en France, et existe encore aujourd'hui. C'est une histoire vraie, bouleversante de sincérité car en voyant comme nous la misère, les conditions de vie de la jungle de Calais en 2015, Olivier Norek s'est souvenu que c'est grâce à son grand-père qui a fuit la Pologne pendant les années '40 (entre la folie stalinienne et hitlérienne) qu'il a pu grandir dans un pays où les droits de l'homme ont encore une signification et a pris la décision de se rendre sur place, de faire quelque chose. Une histoire qui m'a tenue éveillée quelques nuits, une histoire qui m'a fait pleurer. A la fin, Olivier Norek remercie les bloggeurs, ses lecteurs, les vrais chroniqueurs, ceux qui font des fautes mais écrivent avec le coeur. Je le remercie à mon tour pour ce très beau livre, beau par son histoire, sa triste réalité mais aussi par l'espoir qui reste omniprésent tout au long de son récit, l'espoir qui fait vivre, l'espoir et l'amour! Je pense sincèrement qu'un homme qui avant d'écrire un livre pareil se rend sur place aider les plus démunis, est un homme sensible et humain! Et un homme doté d'une belle plume, d'une telle humanité ne peut qu'écrire un livre intéressant, un livre que je vous invite à découvrir!
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