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Critique de luocine


Comme je le constate à travers mes blogs amis, nos habitudes de lecture, en temps de confinement, changent beaucoup. Je pense que certains d'entre nous sont plus occupés qu'avant et ont moins le temps de lire , d'autres ont perdu l'envie de la fiction, jugeant sans doute la réalité trop difficile à vivre, et enfin comme moi, il arrive que certains changent leurs centres d'intérêt. Si vous suivez Luocine, vous savez que je lis peu, sinon pas, de romans policiers. Et en voilà trois d'un coup que j'ai absolument dévorés, je les achetés sur ma liseuse : confinement oblige ! Et si je leur attribue cinq coquillages, c'est que dans le genre, ils sont tous les trois absolument parfaits. Vous avez parfaitement le droit de vous demander comment puis-je juger d'un genre que je lis si peu ? Réponse : c'est le privilège de Luocine, de ne prétendre à aucune objectivité. C'est un billet de Géraldine qui m'avait tentée, mais peut-être que cet auteur connaît déjà un large succès sur la blogosphère, il le mérite largement. Ces trois romans peuvent se lire séparément mais il y a « un petit plus » à les lire à la suite. En les découvrant, j'ai beaucoup pensé à la série « the Wire » qui reste pour moi la meilleure série de tous les temps, en 2010, je concluais ainsi mon billet :

En regardant cette série, on l'impression de mieux comprendre les Etats-Unis. On voit aussi les différences et les ressemblances avec notre société en espérant qu'on ne laisse jamais s'installer, en France, une économie parallèle autour de la drogue aussi puissante !

Comme j'étais naïve ! bien sûr que la France a suivi le chemin des États Unis . Déjà dans le roman « La Daronne », Hannelore Cayre nous avait donné une bonne description de l'importance du trafic de Haschisch entre le Maroc et la France, la corruption à tous les niveaux de notre société, la justice aux yeux bien bandés qui a complètement oublié la balance de l'impartialité devant la loi, et la violence dans les quartiers à la périphérie de Paris. Ici, dans cette trilogie , Olivier Norek scrute trois aspects du problème, le trafic de drogue dans « code 93 », la corruption de la municipalité dans « Territoires » et enfin, l'enfer carcérale dans « Surtension » . Bien sûr ces trois faits de société sont liés mais avoir su mettre l'éclairage sur un des aspects rend la trilogie passionnante. Comme dans tout bon roman polar les personnages ont leur importance : Victor Coste dont nous suivons les enquêtes est un policier intelligent et tenace. Son regard triste exprime tous ses dégoûts pas seulement de la violence des truands mais aussi de la veulerie et de la corruption du personnel politique. Sa hiérarchie ne l'aime pas beaucoup, en revanche son équipe lui est très dévouée. Ronan le policier trop fonceur, Sam le fou d'informatique et Johanna la nouvelle de l'équipe une Superwoman mais aussi la seule qui ait une vie de famille réussie. J'oubliais Léa, la médecin légiste avec qui Coste essaie d'établir une relation amoureuse. Olivier Norek a été policier et il rend bien compte de l'atmosphère d'un commissariat, il connaît le 93, je ne sais pas comment mais ses descriptions rejoignent tout ce qu'on peut entendre dans les média. Au moment où j'écris, les banlieues sont le théâtre de violences qui auraient complètement leur place dans un roman d'Olivier Norek, voici un extrait du journal Marianne :

A Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), des tirs de mortiers d'artifice ont été constatés peu avant minuit. Un peu plus tôt, les incidents avaient commencé dans la commune voisine d'Asnières, avec des tirs similaires. En Seine-Saint-Denis, des poubelles ont été incendiées à Aulnay-sous-Bois et Saint-Denis vers 22h30. « Il n'y a pas eu d'affrontements avec les forces de l'ordre », a précisé la préfecture. Sept personnes ont été arrêtées à Clichy-la-Garenne et deux autres à Rueil-Malmaison, deux communes des Hauts-de-Seine.

Tous les ingrédients des romans de Norek sont présent dans cet incidents, un jeune délinquant arrêté de multiple fois par la police est mis à terre de son scooter brutalement par un policier qui a ouvert sa portière au moment où il cherchait à fuir. le quartier dont il est issu vit essentiellement du trafic de la drogue, or le confinement sanitaire trouble ce trafic. La police patrouille un peu plus que d'habitude dans ces quartiers tenus par des dealers. le jeune circulait sans autorisation et sans casque sur un scooter. ET .… son arrestation ouvre la voie à des violences nocturnes et sans doute à une reprise du trafic. C'est tout à fait dans la veine de que raconte « Territoires » Dans ce deuxième roman, on voit à quel point pour avoir la paix politique les élus locaux font la part belle aux truands repentis qui seuls savent tenir les quartiers. Encore une fois l'actualité raconte parfois de tels faits, on peut penser que ce n'est que la partie visible d'une pratique beaucoup plus généralement répandue. Enfin dans le troisième roman, on quitte la banlieue pour arriver dans une prison et là, l'horreur atteint son comble. On quitte aussi les trafiquants des banlieues pour croiser la mafia corse et les avocats peu scrupuleux sur la façon de s'enrichir c'est une autre forme de violence tout aussi radicale mais qui ne s'appuie pas sur la destruction de la ville d'où ils viennent.

Il me reste à vous parler du style d'Olivier Norek. D'abord le suspens, il est très doué : tout s'emboîte de façon incroyable, il n'y a aucune invraisemblance et hélas, il n'y a pas non plus de super-héros qui permettrait au lecteur de reprendre son souffle et de croire que cela peut se finir sinon bien un peu mieux ! Non, les gentils ne gagnent pas à tous les coups et oui, les méchants perdent des batailles mais jamais la guerre. La langue d'Olivier Norek est précise et très agréable à lire et en plus, ce qui ne gâte rien, cet auteur a le sens de la formule qui fait mouche .

Les chiffres ne sont que des paillettes pour faire beau à la fin des rapports vides.

ou

Sérieux, dans la phrase « non », c'est quoi le mot que tu comprends pas ?

Je pourrais presque dire merci au confinement pour m'avoir permis de rencontrer un tel écrivain.
Lien : http://luocine.fr/?p=11889
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