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Critique de michfred


Troisième, ultime et meilleur volet de la trilogie consacrée à  Victor Coste. 

Pour commencer une construction diabolique dont je ne dirai rien, sinon qu'après un préambule effrayant, elle porte à très haute tension les près de 500 pages qui suivent et vous achemine  inexorablement vers la catastrophe finale. Les nerfs du lecteur/ de la lectrice  sont mis à rude épreuve.

En surtension.

Inutile de se la jouer:  ce sera une tragédie.

Pas une course- poursuite.

Certains petits papillons sont même déjà bien englués dans la toile, vilainement empêtrés en zonzon, on ne donne plus cher de leur peau, de leur santé mentale, de leur avenir. Et ceux qu'on peut encore poursuivre, on s'y prend mal, ça part en sucette, ça capote, ça sent le roussi, la cata...

Pas une  enquête non plus, une belle enquête avec énigme à  éclaircir,  assassins à identifier, à confondre, à poisser, une enquête  à  la Hercule Poirot,   avec explication- dans - le- Lounge - à-l'heure-du-thé de ce que personne , bien évidemment , n'aurait pu comprendre ni trouver.

Les innocents et les coupables, justement, ici, on les connaît. Mais ça ne sert à rien. On le sait depuis Sophocle que la tragédie s'en fout: la culpabilité , l'innocence, elle est au-dessus de ça. Il faut frapper, faire peur et faire pitié. C'est tout.

C'est une tragédie, on vous l'a dit, on le sait.

Et comme dans toutes les tragédies, on se met en position de voir s'assembler lentement les pièces d'un puzzle, si éparpillées, si disparates, et qui finissent quand même par se rejoindre pour former le piège, la chausse-trappe géante, l'impasse fatale où tout va se déglinguer pour de bon.

Et comme dans toutes les tragédies on se met en position d'observer les personnages , ces petits moucherons pris dans la toile d'araignée du destin. Et de ressentir devant leur malheur,  , comme jamais dans un polar,  l'effet de catharsis -  cette terreur et cette empathie qui nous broient les tripes et nous mettent les larmes aux yeux.

Les personnages. Les braqueurs corses, avec leur code d'honneur familial, les petites racailles de banlieue avec leurs grands frères à la loose, les vrais gangsters avec leurs tueurs patentés, les plus perverses ordures avec leur vice encalminé,    les faux coupables et les presumés innocents, les petits manipulés et les grands manipulateurs. Les flics caractériels, les sheriffs à deux balles, pressés, gaffeurs, autoritaires, violents...

Et puis l'équipe de Victor Coste, Sam, Johanna et Ronan, les trois mousquetaires qui,  comme eux, étaient quatre.

Parce qu'on les connaît bien, ces moucherons-là . Voilà trois bouquins qu'on les suit. Qu'on les aime. Et justement, comme rien, cette fois,  ne se passe comme il faut, qu'ils sont si terriblement humains devant l'échec, si fragiles face à la malchance, si unis, si solidaires dans la débine, on voudrait leur crier "Pouce! N'y allez pas! C'est tout pourri, là devant! Terrain miné ! " mais on sait qu'ils iront, dans la nasse que cette saleté de tragédie leur a tendue, qu'ils iront jusqu'au bout.

Avec eux , aussi , quelques coupables, mais ça ne réconforte pas, tant la justice semble s'être fait la malle dans cette histoire.

Du grand Norek! du même bois qu'Entre deux mondes. Très noir, très tendre, très humain. Faut-il ajouter que j'ai adoré ? 

Et surtout, lisez la trilogie dans l'ordre! C'est indispensable, avec la tragédie,  elle ne vous pardonnerait pas de bousculer son rituel!




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